Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 227

Марсель Аллен

Quiconque aurait observé son salon se serait dit qu’il était chez un collectionneur et un collectionneur d’objets vraiment bien étranges, car M. Havard possédait en réalité un véritable petit musée composé de tous les souvenirs personnels qu’il avait pu recueillir au cours de sa longue carrière.

Dans un écrin qui lui-même était sous un globe, se trouvait un certain portefeuille qui avait toute une histoire.

Il avait été fait en effet avec de la peau humaine, provenant d’un assassin célèbre, qui avait été guillotiné.

Ce portefeuille avait déterminé d’ailleurs, avant d’arriver aux mains de M. Havard, un formidable scandale. C’était tout simplement deux inspecteurs de la Sûreté qui s’étaient entendus avec un de leurs amis, un préparateur de l’amphithéâtre de médecine !

Cet homme, à qui les policiers avaient remis le corps du supplicié aux fins d’autopsie, en échange leur avait fait tanner avec sa peau un portefeuille !

Toutefois, la chose avait été connue de journaux, lesquels avaient crié au scandale, le préparateur de l’amphithéâtre avait été déplacé, les inspecteurs punis sévèrement et le portefeuille saisi par le chef de la préfecture de police.

Ce fonctionnaire, alors, l’avait transmis à son supérieur hiérarchique et finalement, de mains en mains, le portefeuille était arrivé chez M. Havard !

Celui-ci n’ayant plus personne à qui le donner, l’avait conservé en attendant des instructions du gouvernement et, comme le gouvernement avait cessé de s’intéresser à la chose, la presse n’ayant plus fait de tapage, M. Havard tout simplement avait gardé le corps du délit !

C’était désormais pour lui une relique qu’il montrait volontiers à ses amis, lorsque par hasard le chef de la Sûreté avait le loisir de recevoir à dîner.

Ce soir-là, M. Havard, contrairement à son habitude, était chez lui depuis trois heures.

Il avait absorbé vers six heures un frugal repas, avançant l’heure de son dîner, car il prévoyait des événements pour le reste de la soirée.

M. Havard, vers sept heures, entendit qu’on sonnait à la porte d’entrée et s’en alla ouvrir lui-même.

M. Havard, en allant ouvrir, ne doutait pas de se trouver en présence de Juve.

Juve à deux heures de l’après-midi lui avait annoncé sa visite pour le soir même, et lui avait confirmé les dispositions prises deux jours auparavant.

Effectivement c’était le policier qui se présentait.

Juve paraissait quelque peu troublé et son visage avait la crispation caractéristique des grands jours, des heures décisives.

Le policier serra la main du chef de la Sûreté puis, à la manière de quelqu’un qui connaît la disposition de l’appartement, il se rendit directement dans le cabinet de travail de M. Havard. Celui-ci l’y suivait.

Juve, sans proférer une parole, commença par se promener dans la pièce, les mains derrière le dos, considérant chaque angle du cabinet, chaque tenture, chaque meuble, avec minutie.