Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 226

Марсель Аллен

Une heure plus tard, Juve, souriant, fort gai, prenait congé des Grouilleurs.

Il s’était longuement entretenu avec le fils du chef. Il avait, comme il le disait, fait travailler le jeune homme devant lui. Juve avait contraint son soi-disant élève à lui montrer comment il s’y prenait pour fouiller dans les différentes poches d’un passant quelconque. Juve n’avait hasardé aucune critique, aucun éloge.

— Bien, bien ! disait-il simplement.

Et lorsque le jeune homme, timidement, l’interrogeait :

— Job Askings, crois-tu que je pourrais faire quelque chose ? Veux-tu essayer de m’apprendre à être aussi habile que toi ?

Juve se contentait de répondre :

— J’essaierai de te former !

Mais Juve, en réalité, faisait là une promesse qu’il n’avait guère l’intention de tenir, et pour cause. Juve, à cette minute, quittait les Grouilleurs sans trop savoir s’il reviendrait jamais les voir autrement que pour effectuer une opération policière quelconque à leur sujet. Juve était satisfait, content de lui.

— Ma parole ! répétait-il en s’éloignant sur les berges, je n’ai pas perdu ma soirée ! Il me semble que je sais maintenant proprement voler…

Et, rentré rue Tardieu, Juve qui décidément devait rouler d’étranges projets, montait au sixième étage, réveillait le vieux Jean, le forçait à descendre dans son cabinet de travail.

Toute la nuit, Juve se livra à de surprenants exercices.

Il priait le vieux Jean de mettre son porte-monnaie dans telle ou telle poche de son habit ; délicatement alors, Juve s’efforçât de voler le porte-monnaie…

Le policier devait faire preuve de réelles aptitudes pour être pickpocket car, lorsqu’il interrogeait le vieux Jean et lui demandait s’il s’était aperçu de son vol, le vieux Jean, à chaque fois, répondait négativement.

À cinq heures du matin seulement, Juve congédia son valet de chambre.

— Tu dors debout, déclarait-il, monte te coucher !

Le vieux Jean disparut, puis cinq minutes après vint trouver Juve.

— Je suis bien fâché, monsieur, déclarait-il, mais je crois bien que j’ai perdu ma clé ; je ne peux plus entrer dans ma chambre, comment faire ?

— Imbécile ! riposta Juve. Ta clé n’est pas perdue, c’est moi qui l’ait volée ! Décidément, je deviens très habile !

Et Juve, qui pourtant était un homme grave, claqua des mains, avec une satisfaction visible !

XXIV

Fantômas, toujours !

Le domicile personnel de M. Havard, chef de la Sûreté, se trouvait quai d’Anjou.

L’important fonctionnaire n’occupait pas un appartement élégant ni somptueux.

Toutefois, son habitation était distinguée, l’ameublement sévère et correct ; à voir l’installation intérieure, de graves tentures de velours qui dissimulaient les portes, les tapisseries qui ornaient les murs et l’acajou des meubles, on se rendait compte que l’on avait affaire à quelque habitant sérieux, occupant une situation importante dont les fonctions devaient avoir une certaine austérité.

En pénétrant dans le cabinet de travail de M. Havard, beaucoup de gens auraient pu se croire chez un notaire, à en juger par les nombreux casiers adossés au mur et dans lesquels se trouvaient une multitude de dossiers enfermés dans des chemises, à la teinte uniformément grise.