Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 223

Марсель Аллен

La misère des Grouilleurs paraissait d’ailleurs à Juve comme effroyable de plus en plus. Les premières fois, en effet, où le policier s’était introduit dans le repaire, il avait alors éprouvé trop d’émotions diverses, trop de surprises multiples pour pouvoir bien examiner les lieux.

Rien ne l’en empêchait ce jour-là. Juve examinait donc avec des regards d’épouvante le souterrain si pauvrement aménagé où cantonnaient ces hommes qui étaient des bandits et qui avaient respecté son dépôt.

— Les étranges individus ! pensait Juve.

Mais, en vérité, le policier ne s’était pas rendu à l’Enfer simplement pour s’apitoyer ou s’étonner à propos de l’honnêteté des Grouilleurs.

Juve, en réalité, avait un peu espéré qu’il rencontrerait là ce Fantômas qu’il poursuivait depuis toujours et qu’il espérait bien enfin dompter, abattre, vaincre.

La vue du repaire vide, ou presque vide, le désillusionnait.

Fantômas, sûrement, n’était pas dans le bouge à cette heure ! Il était probable même qu’il n’y viendrait pas, car si les Grouilleurs étaient dehors, c’était qu’ils étaient partis en expédition, c’était qu’ils effectuaient une quelconque de leurs terribles et sinistres besognes.

Juve songeait déjà à se retirer et venait de se lever, lorsque le chef l’arrêtait d’un geste :

— Écoute, Job Askings, déclarait le vieillard, j’ai une grâce à te demander.

— Laquelle ? fit Juve assez surpris.

— J’ai une prière à t’adresser, reprenait le chef, et je te l’adresse de tout mon cœur, de toute mon âme, en toute humilité.

— Parle ! fit encore Juve.

Mais ce début était si extraordinaire que Juve, à cet instant, fronçait les sourcils, se demandant s’il ne cachait point quelque piège, s’il n’allait pas apprendre quelque terrible nouvelle.

Le chef dit, baissant la voix :

— Je voudrais te parler, mais te parler seul à seul. Ici, mes compagnons nous écoutent. Veux-tu venir ?

Le vieillard faisait un pas vers le fond du souterrain. Juve tressaillit plus encore.

— Ah çà, il veut m’entraîner !… Est-ce que, par hasard… ?

Et Juve songea qu’il était peut-être victime d’une extraordinaire et savante comédie.

Qui prouvait que les Grouilleurs, en effet, n’avaient pas été prévenus par Fantômas ?

Qui prouvait qu’ils n’avaient pas vérifié le contenu de l’enveloppe bourrée de papiers quelconques ?

Peut-être l’avait-on bien reçu pour endormir sa méfiance !…

Peut-être le chef inventait-il le prétexte d’une confidence tout simplement pour mieux endormir encore ses soupçons, le conduire au fond de la caverne, et là, certain qu’il ne pourrait se défendre, certain que ses cris et ses appels ne pourraient être entendus, le faire égorger, le faire abattre comme un chien !…

Juve, en un instant, songea à tout cela. Il rougit cependant de honte.

— Mon Dieu, pensa Juve, ces pensées qui me viennent à l’esprit ne sont guère dignes de moi !… Les Grouilleurs, après tout, ont été fort honnêtes à mon égard, je n’ai pas le droit de les accuser de bassesse.