Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 205

Марсель Аллен

Parmi cette foule populaire se glissait une femme, une dame, dont la tenue élégante, quoique peu voyante, attirait l’attention.

Dans ce quartier bien populaire, et surtout à une heure aussi matinale, on n’avait pas l’habitude de croiser des personnes aussi bien habillées.

Quelques ménagères, marchandes de quatre-saisons, qui bavardaient sur le trottoir, la désignaient du coin de l’œil :

— Quelque bourgeoise qui vient de faire la bombe ! disait-on.

Et, d’un geste expressif, l’une de ces femmes désignant le visage aux traits fatigués de la personne qui passait, ajoutait :

— Sûr que ç’en est une qui ne s’est pas couchée de la nuit !

La passante, toutefois, n’écoutait pas, elle ne remarquait point qu’elle était observée.

Elle suivait la rue de Vaugirard à pas précipités. Quelques instants auparavant, elle avait abandonné le taxi-automobile qui l’avait amenée jusque-là et, au frémissement nerveux de son pas, il semblait qu’elle était heureuse de marcher, d’agir.

Au bout de quelques instants, elle s’arrêtait à l’angle d’une rue privée.

La plaque d’émail bleue indiquait : « Impasse de Vaugirard, voie interdite aux véhicules ».

Sans la moindre hésitation, cette personne s’engageait dans cette impasse, longeait des murs mal entretenus, ravinés en maints endroits, couverts de mousse.

Cette personne connaissait certainement cette impasse, car, à un moment donné, elle traversait l’étroit passage et, s’arrêtant devant une petite porte noire et basse, sonnait puis attendait quelques instants.

La porte s’ouvrit, une vieille femme apparut.

— Dites-moi, interrogea aussitôt l’arrivante, je voudrais voir d’urgence sœur Sainte-Eudoxie ?

Le visage de la vieille femme qui ouvrait la porte exprima une soudaine inquiétude.

— Mon Dieu ! mon enfant, que dites-vous là ? Il ne faut jamais parler de sœur Sainte-Eudoxie !

La visiteuse s’excusait.

— Je vous demande pardon, ma mère, j’avais oublié, en effet, que vous êtes des persécutées !

La vieille femme hochait la tête en silence, puis, regardant attentivement la visiteuse à travers ses lunettes qu’elle venait d’ajuster, elle articula non sans une certaine surprise :

— Mais je ne me trompe pas ! C’est bien la petite Eugénie Drapier que j’ai devant moi ?

— C’est bien elle, en effet, et je vous reconnais, ma mère.

— Chut ! mon enfant, chut ! Taisez-vous ! On n’aurait qu’à nous entendre…

La vieille femme, alors, mystérieusement, faisait signe à la passante d’entrer.

C’était bien, en effet, Eugénie Drapier qui, trois quarts d’heure après avoir quitté son mari, était venue frapper à la porte de cette étrange maison où on la recevait si mystérieusement.

La vieille femme refermait prudemment le lourd battant de bois, puis Eugénie Drapier traversait un jardinet au fond duquel se trouvait une vaste maison aux apparences délabrées.

Il semblait qu’en maints endroits on avait tenté des réparations et que l’architecte ou le maçon s’était découragé à l’idée de l’importance des travaux qu’il faudrait faire pour remettre complètement en état ce vieil immeuble tout décrépi.