Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 203

Марсель Аллен

Ses traits se contractaient, des flammes sombres s’allumaient sous ses prunelles et tout son corps tremblait de colère.

— Misérable ! hurla-t-elle. Être infâme !… immonde ! Canaille, oui, canaille !… Oh, c’est honteux !… honteux !… lâche, indigne… de m’avoir trompée comme tu l’as fait !… C’est abominable de t’être joué de moi !… Depuis que nous sommes mariés… Odieuse comédie du mensonge et de duplicité !… Et moi qui t’aimais tant !

Elle réprimait un sanglot, maintenant son cœur, qui battait dans sa poitrine, sous l’effort de ses mains glacées, puis elle reprit :

— J’aurais peut-être pardonné le crime, mais jamais, au grand jamais, je ne pardonnerai la trahison infâme qui fait que tu as donné ton cœur, ton amour, à une autre qu’à moi !…

Elle semblait une furie. Hors d’elle-même, elle hurla encore :

— Son nom ? Comment est-elle cette femme ? Je veux la voir… Je veux lui parler… Je l’arracherai à toi !… Je te reprendrai !

Bravement, d’une voix sifflante, Léon Drapier articula :

— Elle n’est plus… Elle est morte… Elle s’appelait Paulette de Valmondois !

À ces mots, il sembla que la colère d’Eugénie Drapier tombait soudainement. Et tout d’un coup, la femme pieuse qu’elle était se releva, reprit le dessus.

Eugénie Drapier s’était tue subitement, elle se signa et articula :

— La malheureuse ! La paix soit avec elle !

Et, dès lors, l’épouse outragée se laissait choir sur le fauteuil qu’elle venait de quitter, elle se prit la tête entre les mains, réfléchit longuement.

Léon Drapier n’osait troubler son silence, il restait devant elle, atterré.

Eugénie Drapier reprit enfin :

— Je me souviens avoir lu le dramatique décès de cette malheureuse. Les journaux en ont parlé, je sais ce qui s’est passé.

« Léon, il va falloir écouter la voix de ta conscience, car quelque indigne qu’ait été cette femme, c’était une créature humaine, une créature de Dieu… Elle ne t’aurais point connu que peut-être elle ne serait point morte…

Léon Drapier protestait, indigné :

— Mais je ne comprends pas ce que tu veux dire ! Je n’y suis pour rien !… En aucun cas…

M me Drapier se levait.

Cette scène tragique avait duré fort longtemps, et déjà l’aube pâle éclairait de ses rayons blafards l’intérieur de cette chambre à coucher où venait devoir lieu la tragique altercation.

Eugénie Drapier, désormais raide comme un automate, était allée dans le cabinet de toilette voisin.

Elle ouvrait une grande armoire, en sortait un vêtement sombre, un manteau qu’elle jetait sur ses épaules. Avec des gestes machinaux, elle prenait sur une étagère un carton dont elle extrayait un chapeau qu’elle ajustait hâtivement sur sa chevelure, dont l’ordonnance était quelque peu défaite, puis elle revint dans la chambre où était resté son mari écroulé sur le sol, en proie, non point à la plus grande agitation, mais à la stupéfaction la plus profonde.

À cet homme qui était terrassé, qui demeurait inerte, Eugénie Drapier déclara d’un ton calme, net et précis :