Читать «Константин Бальмонт и поэзия французского языка/Konstantin Balmont et la poésie de langue française (билингва ru-fr)» онлайн - страница 82

Константин Бальмонт

Ce ne sont pas les vents, qui accouraient dans le ciel! Ce ne sont pas les nues, qui dans le ciel s'aheurtaient! Nos Preux se préparaient au combat, Nos Preux combattaient l'ennemi. Et de toute la volonté de leur désir Ils ont déployé l'impétueux brandissement! Ils foulèrent une armée innombrable, Ils occirent toute la force païenne… Et les Preux, alors, se mirent à se vanter, Déraisonnablement rire dans la victoire! — «Les épaules puissantes, offraient-ils, veulent encore lutter, Les chevaux vaillants ne sont pas las encore, Et les glaives ne sont pas émoussés! Qu'on nous donne, dirent-ils, une Force qui n'est pas d'ici, Et nous exterminerons cette Force qui n'est pas d'ici, — Et combien, avec elle, nous nous amuserons!»… Et, dès que de l'un d'eux, fut cette parole, Parurent deux Guerriers, Seulement deux, non point la masse d'hommes, Mais des guerriers, et non pas des parleurs! Et ils proclamèrent: «Or, entrons en lutte, les Preux! Vous êtes sept, nous sommes deux, — peu importe!»… Dans ce moment aveugle les Preux n'ont pas reconnu qui étaient les Guerriers: S'alluma en leur poitrine le cœur ardent. La soif de bataille est chaude dans le sang… Les yeux qui flambent, sur les guerriers un s'élançait Et les coupa en deux, d'un seul effort d'épaule: Ils devinrent quarte, — tous les quatre vivants!… S'élança un second, sur eux éprouva la dureté du glaive, Et les coupa en deux: ils devinrent huit, tous les huit vivants!… S'élança le troisième, les yeux qui brûlent, Les coupa en deux par un coup de hardiesse: Ils devinrent deux fois plus, — ils s'avancent et tous s'avancent, tous vivants!… Alors, tous les Preux s'enlevèrent pour hacher cette armée. Ils ont brandi les glaives: où était l'ennemi, il en est deux fois plus, Et qui s'approchent, et muets, et menaçants. Et la puissance inconnue grandit et grandit Et s'avance sur les Preux, en attaque! Et maintenant les Preux ne luttent pas autant Que meurtrissent, de leurs sabots frappant, les destriers vaillants… Mais la puissance inconnue grandit et grandit, Toujours avance, combattante, sur les Preux qui bataillent. Hors de soi-même sortent les forces neuves et menaçantes, — fatales d'horreur!… Juste trois jours, trois heures, trois minutes, les preux luttèrent. Leurs épaules puissantes ont assez travaillé, Les glaives damasquinés se sont émoussés, Les chevaux se lassèrent dans leurs élans! Les coups qu'ils ont rendus ont épuisé les Preux… Mais l'armée inconnue grandit et grandit Et sur les Preux bataillant s'avance, — en attaque! Alors, prirent peur les Chevaucheurs puissants… Ils coururent vers les montagnes, Ils coururent vers les cavernes, vers les gorges où la forêt inextricable se tient: Mais quand arrive un Preux à la montagne, il y reste Pétrifié. Et arrive un second, — et, pierre, il s'ajoute aux pierres. Et le troisième et tous les autres, s'en sont venus, étonnés, — et ils deviennent muets!… Et depuis, il n'est plus de Preux en Russie. Et depuis, dans l'ombre des montagnes il en est peu qui osent s'aventurer: Étrange est le dessin de leurs rocs, et une lueur mystérieuse Au-dessus des gouffres, souvent blanchit…