Читать «Константин Бальмонт и поэзия французского языка/Konstantin Balmont et la poésie de langue française (билингва ru-fr)» онлайн - страница 42

Константин Бальмонт

Sur l'eau marécageuse où leurs tiges s'envasent, Faiblement, tristement, la nuit, les roseaux jasent. Qu'ont-ils à murmurer? Que disent-ils entre eux? Et pourquoi brillent çà et là ces vagues feux? L'un s'allume et s'éteint; l'obscurité s'augmente. Mais bientôt on voit sourdre une lueur errante. Dans la nuit, les roseaux ont des tressaillements, En se sentant frôlés par les nœuds des serpents. Une face de mort sur le marais s'incline: C'est toi qui luis désolément, lune opaline! Une senteur de mort du sol fangeux s'exhale; Car tout autour le marais pompe, suce, avale. Qui va là? Qu'est cela? disent les roseaux fous. Pourquoi ces mille éclairs qui glissent parmi nous? Mais peu à peu la lune au bord du ciel avance, Et, ne le sachant pas, elle passe en silence. Et poussant un soupir, le cœur brisé de maux, Tristement, faiblement, murmurent les roseaux.

Traduit par Jean Chuzeville

Подводные растения/Plantes sous-marines

На дне морском подводные растенья Распространяют бледные листы, И тянутся, растут как привиденья, В безмолвии угрюмой темноты. Их тяготит покой уединенья, Их манит мир безвестной высоты, Им хочется любви, лучей, волненья, Им снятся ароматные цветы. Но нет пути в страну борьбы и света, Молчит кругом холодная вода. Акулы проплывают иногда. Ни проблеска, ни звука, ни привета, И сверху посылает зыбь морей Лишь трупы и обломки кораблей. Au tréfond de la mer les plantes sous-marines Étendent leur feuillage pâle, Et elles s'allongent, et croissent comme des fantômes, Dans les silences de la morne ténèbre. Elles sont lasses du repos de la solitude, Le monde de la hauteur inconnue les attire, Elles veulent l'amour, les rayons, la tempête, Elles rêvent de fleurs qui seraient parfumées!.. Mais il n'est pas de voie vers le pays de lutte et de lumière. Et autour d'elles l'eau froide se tait. Et les requins de temps à autre passant, les outrepassent… Pas un trait de lumière, pas un son, rien d'amène… Et d'en haut, l'ondulation des mers envoie Des cadavres seulement, et des épaves de navires…