Читать «Objectif. Французский язык. 10-11 классы by Григорьева Е.А., Горбачева Е.Ю., Лисенко М.Р» онлайн - страница 129

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A la seance recreative qui avait lieu chaque annee, aux environs de Noel, on nous fit jouer ensemble une saynete5. En robe rose, le visage encadre d’anglaises6, j’incarnais7 Madame de Sevigne enfant! Elisabeth tenait le role d’un jeune cousin turbulent; son costume garconnier lui seyait8 et elle charma I’auditoire par sa viva-cite et son aisance.

5    saynete f — комическая сценка, скетч

6    anglaises f pi: bou-cles de cheveux longues et roulees en spirales

7j’incarnais — я играла роль

8 son costume ... lui seyait — костюм ей шёл

9 effarouchees — испуганные

10 ribambelle f — куча, уйма

Le travail des repetitions, notre tete-a-tete sous les feux de la rampe, resserrerent encore nos liens: on nous appela desormais les deux inseparables.

On nous autorisa, Elisabeth et moi, a aller jouer I’une chez I’autre. La premiere fois, ma soeur m’accompagna rue de Varenne et nous fumes toutes deux effarouchdes9. Elisabeth — que dans I’intimite on appelait Zaza — avait une grande sceur, un grand frere, six freres et sceurs plus jeunes qu’elle, une ribambelle'0 de cousins et de petits amis. Ms couraient, sautaient, se bat-taient, grimpaient sur les tables, renversaient des meubles en criant. A la fin de I’apres-midi, Madame Mabille entrait dans le salon, elle rele-vait une chaise, elle epongeait en souriant un front en sueur; je m’etonnai de son indifference aux bosses, aux taches, aux assiettes cassees: elle ne se fachait jamais. Je n’aimais pas beau-coup ces jeux dbrdglbs, et souvent Zaza aussi s’en fatiguait. Nous nous rdfugiions dans le bureau de M. Mabille, et loin du tumulte, nous causions. C’etait un plaisir neuf. Mes parents me parlaient, et moi, je leur parlais, mais nous ne causions pas ensemble; entre ma soeur et moi, il n’y avait pas la distance indispensable aux echanges. Avec Zaza, j'avais de vraies conversations, comme le soir papa avec maman. Nous causions de nos £tudes, de nos lectures, de nos camarades, de nos professeurs, de ce que nous connaissions du monde.

Texte litteraire

" une Chronique fami-liale — семейная хроника

'2 s’aviser — обнаруживать

13 se griser — перен. упиваться

141’institut: le cours priv6 ou la narratrice faisait ses etudes

'5 tournoyer — кружиться

Zaza aimait comme moi les livres et I’etude; en outre, elle etait dotee d'une quantite de talents qui me faisaient defaut. Quelquefois, quand je sonnais rue de Varenne, je la trouvais occupee a confectionner des sables, des caramels; elle piquait sur une aiguille a tricoter des quartiers d’orange, des dattes, des pruneaux et les plongeait dans une casserole ou cuisait un sirop й I’odeur de vinaigre chaud: ses fruits d6guises avaient aussi bonne mine que ceux des con-fiseurs. Elle polycopiait elle-meme, a une dizaine d’exemplaires, une Chronique familiale", qu'elle redigeait chaque semaine a I’intention des grands-meres, oncles, tantes, absents de Paris; j’admirais, autant que la vivacite de ses recits, son adresse a fabriquer un objet qui ressemblait a un vrai journal. Elle prit avec moi quelques lecons de piano, mais passa tres vite dans une section superieure.