Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 24

Марсель Аллен

— Allez, dit-elle, mes bons amis, mais revenez vite ; il y a si longtemps que mes pauvres yeux vous pleurent, qu’ils ne peuvent plus se rassasier de vous voir !…

Fantômas, cependant, sourit en écoutant Fandor.

La ruse qu’inventait le journaliste pour sortir de la chambre de sa mère lui paraissait plaisante.

Elle lui paraissait aussi profitable. Il était désireux, en effet, de quitter cette pièce où, d’un instant à l’autre, Juve pouvait survenir, ce qui ne serait évidemment pas sans causer un redoublement d’embarras, un surcroît de péril.

Il appuya la proposition de Fandor :

— Eh bien ! c’est cela, dit-il, sortons !

Et, s’étant rapproché du lit de M me Rambert, Fantômas eut le geste sacrilège que lui imposait le rôle qu’il jouait.

Il prit la main de la pauvre femme, il la baisa dévotement.

Mais Fandor, à son tour, s’approchait de sa mère ; Fandor, avec une brusquerie dont il n’était pas maître, arrachait à Fantômas la main de la vieille femme.

— Maman !… Maman ! ma chère maman ! faisait-il.

Et il embrassait la main de sa mère avec le secret désir d’effacer le baiser de Judas que Fantômas n’avait point hésité à imposer à la vieille dame.

Les deux hommes, cependant, se dirigeaient désormais vers la porte de la chambre à coucher. Fandor réglait son pas sur celui du bandit. Il considérait Fantômas de son clair et franc regard, il semblait littéralement lui dire :

— En ce moment, je ne puis rien et je ne yeux rien tenter. Mais, une fois cette porte franchie, je redeviendrai maître de mes actes, libre de me jeter sur vous et ce sera la lutte sans merci…

Fantômas, de son côté, considérait le jeune homme.

Mais ce n’était point la franchise qui se lisait dans son regard. C’était une expression de raillerie, d’audace et de dépit.

Fantômas semblait dire à Fandor :

— À nous deux !… Je suis encore certain d’échapper à la juste punition de mes crimes, et je me réjouis à la pensée de faire encore le mal !

Fandor ouvrit la porte de la chambre, et il dut frôler Fantômas. Il dut, pour ne point inquiéter sa mère, s’effacer pour laisser passer le bandit.

— Après vous ! déclarait Fandor.

— Bah ! répondit Fantômas sur un ton bonhomme. Je ne suis pas un père terrible ! Passe donc, mon petit, ne fais pas de cérémonie !

Fandor passa.

Lentement, alors, Fantômas sortit de la chambre. Il fermait la porte d’un geste mesuré, il gardait la main sur la poignée.

Encore un instant, évidemment, et Fandor allait être libre de se jeter sur le misérable, allait être libre de combattre…

Et c’était à cet instant que Fantômas, brusquement, changeait d’attitude. Le visage du bandit devenait dur et impérieux. Une flamme s’allumait dans ses prunelles, il siffla d’une voix haletante :

— Fandor, nous nous sommes reconnus ! La lutte va reprendre entre nous, sans merci ni pitié. Soit, je l’accepte et je la désire. Mais en ce moment, je suis le plus fort, prenez garde !…

C’étaient là des paroles étranges, Fandor railla :