Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 23

Марсель Аллен

C’était en effet une chose curieuse. Si Jérôme Fandor haïssait Fantômas en raison du mal que celui-ci lui avait fait, Fantômas haïssait le jeune homme en raison du mal qu’il désirait lui faire !

Fandor, c’était, aux yeux de Fantômas, celui qu’Hélène chérissait, c’était lui que la jeune fille lui préférait, celui-là qu’elle adorait, et cela suffisait à faire que le bandit eût éprouvé une âpre volupté, goûté un horrible plaisir en massacrant Fandor !

Fantômas détestait le jeune homme, mais il était capable, lui aussi, de maîtriser sa haine, de s’imposer, de réfléchir.

Tuer Fandor à la minute, ah ! certes, Fantômas l’aurait fait s’il n’avait point eu peur, s’il n’avait point redouté les conséquences de son acte.

Fantômas, en effet, ne savait pas exactement où se trouvait Juve. À l’instant où il fouillait dans sa poche pour y prendre son revolver et faire feu sur Jérôme Fandor, il songea :

— Et si Juve bondit sur moi ? Et si Juve accourt au bruit de la détonation ?

Et Fantômas frissonna…

Il lisait en même temps dans les yeux de Jérôme Fandor les pensées secrètes du jeune homme. Il vit le regard de celui-ci se poser un instant sur la vieille M me Rambert. Fantômas alors, toujours maître de lui, devina les raisons secrètes qui interdisaient à Fandor de faire feu. Il les devina si bien qu’un sourire railleur détendit ses lèvres.

— Allons, murmura-t-il, il ne peut rien, il ne tentera rien !

Et comme Jérôme Fandor l’avait salué d’un mot, comme il lui avait dit :

— Bonjour, papa.

Fantômas tranquillement, répondit, laissant à peine deviner une secrète ironie dans sa voix :

— Bonjour, mon fils…

Les deux hommes, cependant, se toisaient du regard et demeuraient frémissants l’un en face de l’autre.

Comment allait s’achever cette situation tragique entre toutes ?

M me Rambert, à cet instant, s’agita faiblement sur son lit.

— Mon Dieu ! faisait la vieille femme, fort éloignée, à la vérité, de deviner le drame extraordinaire qui se passait si près d’elle, mon Dieu ! Que je suis heureuse !

Puis elle ajoutait :

— Je ne souffre plus, vous pouvez parler… Parlez donc, mes bons amis…

Et son regard, où se lisait sa tendresse, allait de Fandor à Fantômas.

Fandor, cependant, saisissait l’occasion que lui tendait sa mère pour tâcher de dénouer une situation qui persistait.

— Non, répondit-il, ma chère maman, il ne faut pas que nous causions ici. Nous avons tant de choses à nous dire, tant de souvenirs à évoquer, mon père et moi, que nous vous fatiguerions certainement. Pourquoi vous troubler ainsi, d’ailleurs ? Voulez-vous nous permettre de nous absenter quelques minutes ? Père et moi nous causerons, nous reviendrons vous voir ensuite.

M me Rambert acquiesça du geste à la proposition de Jérôme Fandor. Sans doute elle était dupe de la ruse inventée par le jeune homme. Elle trouvait naturel, d’ailleurs, que le père et le fils eussent à causer.