Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 230

Марсель Аллен

— Ne vous en inquiétez pas ! fit Juve, je me charge de tout !

La porte d’entrée s’ouvrait quelques secondes après.

L’antichambre était obscure et Juve, qui venait de remplir l’office de valet de chambre, aperçut, sur le palier, M. Mix.

— Entrez donc, monsieur ! fit-il.

Le détective privé s’avança.

Il ne voyait point Juve dans l’obscurité, il passa sans faire attention à l’homme qui venait de lui ouvrir la porte et qu’il prenait pour un domestique.

Sans enlever son pardessus, se contentant de tenir son chapeau à la main, Mix, machinalement se dirigea vers une pièce au fond de l’antichambre, qui lui apparaissait éclairée et dont la porte était entrebâillée.

Il était suivi de près par le personnage qui lui avait ouvert.

Tous deux entraient dans le cabinet de travail de M. Havard et dès lors M. Mix, s’étant retourné pour voir l’homme qui le suivait, s’arrêta interdit.

— Juve ! s’écria-t-il, Juve ! Monsieur Juve ! Ah ! par exemple, quelle bonne surprise !

Il semblait que M. Mix, en prononçant ces paroles, éprouvait une certaine gêne et Juve, qui observait tout, remarquait qu’instinctivement M. Mix avait porté la main à la poche de son veston à la manière de quelqu’un qui y cherche un objet familier.

— Oh ! oh ! pensa Juve, le gaillard est armé !

À l’exclamation de Mix, Juve, toutefois, répondait par une inclinaison de tête :

— Je suis heureux, monsieur, fit-il, de me trouver en votre présence !

— Tout le plaisir est pour moi ! fit aigrement Mix.

— Pas du tout, précisa Juve, je vous affirme qu’il est pour moi !

Les deux hommes se regardaient comme deux adversaires qui se cherchent. Ils voulaient respectivement lire leurs pensées dans leurs yeux et tous deux avaient évidemment l’habitude de dissimuler leurs sentiments, car ils restaient impénétrables l’un pour l’autre.

Juve, cependant, reprenait la parole :

— Monsieur Mix, vous avez rendez-vous avec M. Havard, ce soir à son domicile ?

— En effet !

Juve continuait :

— M. Havard m’a chargé de l’excuser auprès de vous s’il est en retard de quelques instants, mais, vous savez, un chef de la Sûreté ne fait pas du tout ce qu’il veut ! Vous êtes au courant d’ailleurs des choses de la police étant vous-même détective privé et, si je ne me trompe, sur le point de devenir mon collègue en qualité d’inspecteur de la Sûreté ?

— En effet, monsieur ! articula Mix.

Juve se faisait de plus en plus aimable :

— Tous mes compliments ! dit-il.

Il désignait un siège à son interlocuteur, mais, au moment où celui-ci allait s’asseoir, Juve, brusquement, se précipitait sur lui.

— Je suis un bien mauvais maître de maison ! fit-il. Il est vrai que je le suis par intérim ! En tout cas je m’excuse, M. Mix, de ne pas vous avoir invité à ôter votre pardessus ! Il fait une chaleur ici… M. le chef de la Sûreté est d’un frileux… Permettez que je vous aide ?

Et, sans attendre de réponse, Juve obligeait pour ainsi dire le détective privé à quitter son pardessus.

Certes, à ce moment, si M. Havard regardait par le trou percé dans le mur, il voyait quelque chose de bien extraordinaire…