Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 218

Марсель Аллен

Certes, Léon Drapier ne savait pas encore qu’on allait invoquer contre lui ses propres traces dans la cave, mais il se souvenait qu’à deux ou trois reprises, sous prétexte d’écarter de son chemin des éléments compromettants, Mix lui avait fait commettre des fautes graves, telles que le bris des scellés chez lui, telles que le véritable cambriolage de l’appartement de Paulette de Valmondois.

— Ah ça, commença Léon Drapier en regardant Mix, ah ça ! seriez-vous un misérable ?

Léon Drapier s’arrêta.

Une porte de la chambre venait de s’ouvrir, et il vit quelqu’un se profiler dans l’entrebâillement de cette porte.

M. Havard et M. Mix ne voyaient point cette personne, ils lui tournaient le dos.

Léon Drapier, cependant, ne pouvait détacher son regard de ce nouveau venu.

Il avait un visage souriant, des yeux qui pétillaient de joie, et il mettait son doigt sur ses lèvres, signifiant à Léon Drapier de ne plus prononcer une parole, de ne pas formuler une observation.

Il avait à peine achevé ce geste que M. Havard, surpris par la fixité du regard de Léon Drapier, se tournait pour voir ce que le directeur de la Monnaie regardait.

Mix fit de même. Le chef de la Sûreté et le détective privé poussèrent ensemble un cri de surprise :

— Juve !…

— Juve !…

Le célèbre policier s’avança dans la pièce.

— Eh bien ! s’écria M. Havard, vous arrivez comme un carabinier, mon cher Juve ! Et cette fois, votre présence n’est pas inutile, je viens de mettre en arrestation M. Léon Drapier ; veuillez exécuter cet ordre et lui passer les menottes !

Juve n’articulait pas une parole.

Il s’était légèrement incliné devant M. Havard, son regard se croisa avec celui de M. Mix qui paraissait légèrement inquiet, Juve considéra enfin d’un œil de pitié Léon Drapier.

Toutefois, le célèbre policier sortait un cabriolet de sa poche, et s’approcha du directeur de la Monnaie.

— Donnez-moi vos deux pouces ! fit-il.

Comme le malheureux obéissait, Juve, à voix basse, murmura à son oreille ces étranges paroles :

— Laissez-vous faire, ne dites pas un mot, n’accusez personne, tout va pour le mieux !

XXIII

Un apprenti voleur

— Jean ?

— Monsieur ?

— Tu es un animal !

— Oui, monsieur !

— Tu ne m’as pas réveillé !

— Monsieur avait l’air trop fatigué !…

— Mais, sapristi ! je ne t’ai pas chargé de me soigner ! je t’ai chargé de me réveiller !…

— Je ne dis pas le contraire !

— Il ne manquerait plus que cela !… Enfin, cela m’est égal ! Je te donne tes huit jours !

— Bien, monsieur.

— Cela n’a pas l’air de t’ennuyer ?

— Non, monsieur.

— Pourquoi cela, Jean ?

— Parce que c’est la six cent vingtième fois que monsieur me les donne sans résultats !…

Juve se réveillait et se réveillait de très bonne humeur. Il avait passé la nuit à étudier des dossiers, à prendre des notes, à écrire un long rapport.

Juve avait été fort ému par l’opération qu’il avait pratiquée la veille sur la personne du malheureux Léon Drapier.

Juve avait beaucoup réfléchi depuis cette arrestation, énormément compulsé de dossiers, et lorsque, à sept heures du matin, le vieux Jean était arrivé à l’appartement, il avait trouvé le policier encore installé à sa table de travail, devant sa lampe allumée, et ne se doutait nullement de l’heure qu’il était.