Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 208

Марсель Аллен

Toutefois, c’était un esprit supérieur qui savait que plus les désirs de ce genre sont spontanés et farouches, moins il faut les heurter par des refus directs.

Sans répondre par une promesse à la demande que lui adressait Eugénie Drapier, sœur Sainte-Eudoxie voulut se faire préciser les détails, les malheurs d’Eugénie, sachant par expérience qu’à force de dire ses peines on finit par les oublier.

C’est ainsi qu’elle apprenait dans ses détails la mystérieuse histoire des assassinats survenus et la tragique mort de celle qui avait été la maîtresse de Léon Drapier, de cette infortunée Paulette de Valmondois.

Eugénie Drapier était bien trop troublée pour remarquer quelque chose, sans quoi elle se serait aperçue, en prononçant le nom de la demi-mondaine, qu’elle avait involontairement fait tressaillir la religieuse qui l’écoutait.

Au bout de quelques instants, sœur Sainte-Eudoxie demandait à son amie :

— Tu es mariée depuis quinze ans, mon amie ; c’est une bien grave décision que celle que tu viens de prendre ! Quitter ton mari, mon Dieu ! Passe encore ! Mais tu dois avoir des enfants ?

Eugénie rétorqua, l’œil sec :

— Le ciel n’a pas béni notre union, je n’ai pas d’enfants, c’est peut-être de là que vient tout le mal. Si j’étais mère, je serais plus indulgente et la trahison de mon mari m’inquiéterait d’autant moins que je serais sûre de l’affection des enfants nés de notre amour. Tandis que, maintenant, étant donné que nous sommes l’un en face de l’autre, jamais je ne pourrai me résoudre à la moindre concession et j’ai décidé de le quitter… J’ai décidé d’entrer dans les ordres.

Eugénie Drapier s’arrêtait de parler pour prêter l’oreille à des exclamations soudaines qui venaient de retentir.

Elle regarda la religieuse, sœur Sainte-Eudoxie se mit à sourire.

— Ce n’est rien ! dit-elle, la classe vient de finir et c’est la récréation qui commence.

Sans en avoir l’air, la religieuse attirait insensiblement son amie vers la fenêtre du parloir. Elle l’avait prise par le bras, elle l’obligeait à regarder.

Dans le jardin, derrière la maison, se trouvaient une demi-douzaine de petits enfants, garçons et filles, qui jouaient joyeusement.

Le plus âgé pouvait avoir cinq ou six ans peut-être. Trois braves femmes les suivaient pas à pas, s’occupant d’eux sans cesse, veillant sur leur sécurité.

Les petits n’avaient pas l’air d’être des enfants de riches, on les devinait pauvrement vêtus sous leurs grands tabliers uniformément pareils, à carreaux bleus et blancs.

Sœur Sainte-Eudoxie expliqua :

— Vois-tu, Eugénie, nous nous adonnons désormais à l’éducation, à renseignement. Ces petits que tu vois là nous sont à charge, car nous ne sommes pas riches, et nous ne voudrions pas nous en séparer car ce sont de pauvres petits déshérités de la nature. Leurs parents ont disparu, morts, souvent dans de tragiques circonstances, ils ont des origines qui leur feraient le plus grand tort, qui fait que ceux qui s’en occupent ne veulent point se mêler aux autres enfants.