Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 201

Марсель Аллен

« J’étais seule à le savoir ! Or, n’as-tu pas profité de cette circonstance et de cet incident absolument imprévu pour affirmer que tu t’étais couché ? Tout le monde t’a cru, moi seule je savais… Je sais que c’était un mensonge… et c’est pour cela que j’ai peur de toi !

Léon Drapier était devenu très pâle. Il interrogea, faisant sa voix aussi douce que possible :

— Pourquoi as-tu peur de moi à ce propos ?

M me Drapier eut un rire de folle.

— Parce que les criminels, lorsqu’ils se sentent découverts, cherchent à faire disparaître tous les témoins de leur crime. Tu es au courant, tu sais que je connais la vérité, tu as cherché à me tuer pour m’obliger à me taire !

Accablé, Léon Drapier prenait sa tête dans ses mains :

— Mon Dieu, mon Dieu ! balbutia-t-il, tout m’accable, décidément… Quand je pense que ma femme elle-même en est à m’accuser, à me croire coupable !… Non, non !… C’est trop horrible !… Je ne peux plus lui cacher la vérité, il faut que je lui dise, elle me pardonnera !

Léon Drapier s’était remis à genoux devant sa femme.

— Eugénie !… Eugénie !… supplia-t-il, si je suis un mari coupable, ce n’est pas dans le sens que tu crois ! Si j’ai commis une faute, elle n’est pas comparable à celle que tu me reproches. J’ai pu être léger, inconscient à ton égard, mais je ne suis pas un criminel, ce n’est pas moi qui ai assassiné le valet de chambre Firmain, pour cette bonne raison que, depuis la veille au soir, j’avais quitté la maison et que j’étais ailleurs ! J’ai appris le drame horrible qui s’était passé quand je suis rentré rue de l’Université, le lendemain matin, lorsqu’on est venu me chercher à l’hôtel des Monnaies.

« C’est pour cela que tu as trouvé mon lit non défait, et c’est pour cela que j’étais obligé de dire que je n’avais rien entendu des bruits qui t’avaient surpris dans l’appartement, pour cette bonne raison que je n’y étais pas !

— Où étais-tu donc ? ajoutait M me Drapier, qui semblait n’écouter qu’avec méfiance le récit de son mari.

Léon Drapier hésitait.

— Écoute, fit-il. Lorsque, dans la soirée qui précéda la matinée tragique, je vis pour la première fois ce domestique que tu avais engagé, j’eus un pressentiment qu’hélas rien ne justifiait. Cet homme, nous l’avons remarqué ensemble, tu en as convenu toi-même, n’avait pas l’air d’un domestique ordinaire. Je l’ai pris pour un espion, pour un mouchard, comprends-tu ?

— Je ne comprends rien ! articula M me Drapier, dont le visage stupéfait disait qu’elle exprimait la vérité.