Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 12

Марсель Аллен

Par moments, elle s’arrêtait, écoutait, elle n’entendait rien… puis reprenait sa marche.

Arrivée devant la porte de la chambre de son mari, elle appuya son oreille tout d’abord contre le panneau, dans l’espoir d’entendre quelques bruits à l’intérieur de la pièce.

Quelquefois son mari ronflait, mais cette fois-là le silence le plus absolu régnait.

D’une voix timide, étranglée par l’émotion, M me Drapier appela :

— Léon !…

Elle répéta deux fois, trois fois, haussant la voix :

— Léon, c’est moi ! Eugénie !

Mais son mari devait dormir bien profondément, car aucune réponse ne lui parvenait.

Certes, M me Drapier savait que son mari, qui n’était guère tendre pour elle, allait la recevoir fort mal et lui faire de sévères observations si elle le réveillait inutilement, néanmoins elle avait tellement d’émotion, elle était si certaine d’avoir entendu quelque chose, qu’elle résolut de passer outre et d’affronter la colère maritale.

Elle tourna le bouton de la porte, entra dans la chambre, alluma l’électricité, et demeura stupéfaite.

La pièce était vide, la couverture prête, mais le lit pas défait.

M me Drapier était si étonnée qu’elle ne trouva rien à penser au premier abord.

Comment ! son mari n’était pas là ?…

Il lui semblait pourtant qu’il ne devait pas sortir !

— J’ai mal compris sans doute, pensa la malheureuse femme ; il a dû me dire hier soir qu’il allait au cercle comme cela lui arrive quelquefois, mais il prétend qu’il est toujours rentré à minuit… Peut-être a-t-il été retenu, je crois qu’il y avait une soirée de gala…

Brusquement M me Drapier devint livide.

— Mais alors, pensa-t-elle, je suis seule dans l’appartement !

Elle n’osait plus faire un pas, avancer, ni reculer.

Elle écoutait encore, et désormais c’était le silence absolu. Même du dehors on ne percevait aucun bruit.

À un moment donné, cependant, le tintamarre d’une charrette de laitier qui passait dans la rue la rassura.

Elle eut l’impression que Paris s’éveillait, elle se sentit moins seule, moins isolée, elle reprenait un peu courage.

Certes, pour rien au monde elle ne serait allée dans les pièces obscures et encombrées de meubles voir s’il s’était passé quelque chose, à aucun prix elle ne se serait aventurée derrière les rideaux du salon ou sur le balcon…

Son mari était sorti… Elle voyait désormais que son manteau, que son chapeau n’étaient point là ; il n’était pas encore rentré… Qu’est-ce que cela signifiait ?

La fraîcheur de la nuit la fit frissonner, elle pensa :

— Je vais m’enrhumer.

Elle mit frileusement son peignoir sur sa gorge, puis rebroussa chemin.

En bonne ménagère qu’elle était, elle éteignit la lumière allumée dans la chambre de son mari, puis avec une raideur d’automate, sans tourner la tête, elle suivit la galerie jusqu’à sa chambre.

Instinctivement, elle s’enfermait alors à double tour dans celle-ci, constatait avec joie que vingt minutes s’étaient écoulées, lorsque, tout d’un coup, son cœur s’arrêta de battre, son sang se figea dans ses veines.

Cette fois, elle était bien sûre de ne pas se tromper ! Elle était parfaitement éveillée, car elle venait d’entendre, de la façon la plus nette, quelqu’un marcher dans la galerie !