Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 11

Марсель Аллен

— Mon Dieu ! balbutia M me Drapier qui se signa, est-ce possible ? Il y a quelqu’un dans l’appartement !

Chose extraordinaire, à ce moment précis elle avait moins peur qu’elle se l’imaginait…

Il lui semblait qu’une chose nécessaire, indispensable, attendue quoique redoutée, se produisait enfin.

Il y avait si longtemps qu’elle avait cette émotion d’avoir peur, qu’elle en éprouvait presque une satisfaction !

Mais cette tranquillité d’esprit ne durait point.

Tout d’abord, après avoir entendu ces bruits, M me Drapier douta qu’ils se fussent produits.

— J’ai rêvé ! dit-elle.

Elle alluma sa lampe électrique, qui projeta une lumière étincelante dans la chambre à coucher.

M me Drapier vit l’heure à la petite pendule qui se trouvait sur une console voisine : il était cinq heures du matin.

Elle écouta encore, aucun bruit ne se faisait entendre.

— Certainement, j’ai rêvé ! se dit-elle.

Et après avoir songé à sonner, à crier au secours, elle décidait de n’en rien faire.

Le sommeil la gagnait, elle éprouvait une immense lassitude d’être réveillée si tôt, elle s’étendit dans son lit, appréciant la volupté des couvertures tièdes, lorsqu’elle sursauta encore.

Cette fois, il n’y avait pas de doute, elle avait entendu quelque chose de net, de précis et d’horrible.

Un bruit sourd, soudain, un bruit inimitable qui ne ressemblait aucunement au bruit singulier de l’appartement pendant la nuit, le bruit de quelque chose qui tombe sur le sol, le bruit d’un corps peut-être qui s’écroule…

Sérieusement alarmée, cette fois, pendant dix minutes M me Drapier demeura immobile, aux aguets.

Elle n’entendait plus rien ; c’était le silence absolu, mais elle était certaine qu’il s’était passé quelque chose, et instinctivement son doigt chercha le bouton de la sonnette.

Tout d’un coup M me Drapier esquissa une moue de dépit.

— Mon Dieu, fit-elle, j’oublie que je n’ai pas de femme de chambre dans l’appartement !

Berthe, sa domestique, était en effet malade, absente depuis quelques jours ; la cuisinière était au septième ainsi que le valet de chambre…

— Il faut que j’aille voir ! que je réveille mon mari ! que je sache ! songea M me Drapier.

Faisant effort sur elle-même, elle s’arracha de son lit, passa une robe de chambre, chaussa des mules et, retenant sa respiration, réprimant les battements de son cœur, elle entrebâilla doucement la porte de sa chambre.

Cette porte donnait sur le salon, un trou noir, le commutateur l’éclairant était éloigné… M me Drapier n’osa s’avancer dans l’obscurité.

Elle revint sur ses pas et sortit par l’autre porte, celle qui donnait sur la galerie.

Elle pouvait illuminer cette dernière avant de s’y engager, elle le fit.

Les plafonniers lumineux étincelèrent, M me Drapier jeta un coup d’œil inquiet dans le vaste couloir où rien ne semblait anormal.

Elle s’avança lentement, glissant sur les tapis épais, regardant autour d’elle, avec des yeux écarquillés.