Читать «Константин Бальмонт и поэзия французского языка/Konstantin Balmont et la poésie de langue française (билингва ru-fr)» онлайн - страница 93

Константин Бальмонт

Traduit par Katia Granoff

Приложение/Appendice

Камыши/Les roseaux

À l'heure de minuit, en la touffeur des marais, À peine perceptibles, sans bruit frôlent-lent les roseaux. De quoi chuchottent-ils? De quoi parlent-ils? Pourquoi, parmi eux, de petits feux s'allument-ils? Ils étincellent, clignotent, — et ne sont plus… Et de nouveau scintille la lueur errante. À l'heure de minuit frôlent-lent les roseaux: Les crapeaux y nichent, les serpents y sifflent. Une Face moribonde frissonne dans le marais: Et c'est la Lune meurtrie, qui, tristement, s'affaissa. L'odeur de vase s'exhale, l'humidité rampe… La vase mouvante attirera, pressera, enlisera. — «Qui? Pourquoi?» — disent les roseaux. Pourquoi, parmi nous, s'allument les feux petits? Mais la Lune triste s'affaissa dans son silence. Elle ne sait pas. Elle descend, plus bas encore, sa face. Et répétant le soupir de l'être qui périt, — Avec angoisse, sans bruit, frôlent-lent les roseaux.

Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil

Камыши/Les roseaux

Lorsqu'arrive minuit dans les marais déserts Les roseaux doucement soupirent dans les airs. Que disent les roseaux, pourquoi donc ces murmures? Pourquoi des feux follets brûlent dans leur verdure? Ces errantes clartés sur le miroir des eaux Se rallument ou bien s'éteignent de nouveau. Les roseaux de minuit s'inclinent et bruissent, Ils cachent des crapauds, de longs serpents y glissent. Le visage penché d'un livide croissant Se mire dans les eaux, tremblant, évanescent. Oh! l'odeur de la vase, étrangement sauvage, Il aspire, il étreint, l'attirant marécage… «Qui donc est-ce… Pourquoi? Demandent les roseaux, Pourquoi brûlent ainsi des flammes sur nos eaux?» Mais le croissant se tait tristement qui l'ignore, Et penche son profil plus bas, plus bas encore… Les roseaux chuchotant dans la nuit de saphir, D'une âme disparue évoquent les soupirs.

Traduit par Katia Granoff

Тишина/Le calme

Les ambres d'un jaune clair tendre Luisent à peine au couchant. On sent un doux calme descendre; Les saules dorment se penchant. La silencieuse rivière Reflète les nuages blancs Et des cieux la douce lumière. Le sombre bois est sommeillant. Dans ce doux règne du silence Volent des rêves languissants; Et la nuit lentement avance, Les ombres fuient en pâlissant. Les étoiles brillantes jettent Dans l'onde leur douce lueur, Les yeux des anges s'y reflètent, Et du croissant l'éclat rêveur.