Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 40
Марсель Аллен
— Madame, disait-il, c’est une garce qu’est rien gironde. C’est la Puce, qu’elle s’appelle, et son homme c’est Mon-Gnasse… Quant à c’qui est de leurs professions et de leurs titres, c’est exactement comme les nôtres, y n’s’en vantent pas…
Cela laissait entendre que ni Mon-Gnasse ni la Puce n’avaient un casier judiciaire rigoureusement vierge.
Bec-de-Gaz, en l’apprenant, eut un sourire satisfait.
— Bon, dit-il, dans c’cas, on est frangins.
Et, continuant à exprimer franchement sa pensée, Bec-de-Gaz ajoutait :
— Seul’ment, voilà, j’ai la pépie. Vous n’aureriez rien à boire, par hasard ?
Dégueulasse éclata de rire.
— C’te question ! remarquait-t-il.
Ses mains sales fouillèrent un instant le tas de sable, il exhiba un litre qui y était couché, dissimulé.
— Colle-toi ça dans l’alambic ! conseilla-t-il.
Bec-de-Gaz ne se le fit pas dire deux fois. Il donna une longue accolade à la bouteille, puis la passa à Œil-de-Bœuf.
— À toi, vieux frère !
Et Bec-de-Gaz claquait de la langue, satisfait.
— C’est du fameux ! déclarait-il. D’où diable que vous t’nez ça ?
Sans rire, Dégueulasse riposta :
— De not’travail.
Et comme Bec-de-Gaz et Œil-de-Bœuf haussaient les épaules plaisamment, marquant ainsi qu’ils ne coupaient pas dans le pont et qu’il ne fallait pas venir leur raconter qu’il s’agissait de bien licite, Fumier lui-même appuya les paroles de son copain :
— Mon vieux, tu t’la fourres dans l’œil… C’est comme j’ai l’honneur de t’le dire. C’est not’turbin qui nous rapporte ça. Et d’abord on embauche ! Œil-de-Bœuf et toi, c’est-y que vous voulez gratter avec nous ?
La Puce, en écoutant ces propos, avait relevé la tête. Elle tapa du pied dans le dos de Mon-Gnasse.
— Ouvre donc tes esgourdes, conseillait la Puce. Y a les frères qui jactent…
Cette remarque causa un certain malaise. Mon-Gnasse, en effet, s’était brusquement retourné. Il jetait à Dégueulasse et à Fumier un ordre impératif :
— La ferme, vous !… Bon Dieu, vous n’allez pas débiner l’truc ?
Sur quoi Bec-de-Gaz et Œil-de-Bœuf se vexèrent immédiatement.
Comment, il y avait un truc, et on ne voulait pas le leur confier ! Peut-être bien que c’était une manigance qui rapportait du pèze !… Eh ! mais, par exemple ! Ils n’entendaient pas qu’on leur fasse passer ça sous le nez !…
Une convoitise ardente se lisait désormais dans leurs yeux. Ils étaient prêts à se fâcher. Dégueulasse apaisa la querelle :
— Boucle, Mon-Gnasse, conseillait-il, c’est pas parce que t’es nouveau dans la bande qu’y faut en r’montrer aux vieux comme nous… Œil-de-Bœuf et Bec-de-Gaz c’est des frangins qu’on peut tout leur dire. Si l’patron était là, il les embaucherait, et y en a pour tout l’monde d’abord…
Mais Œil-de-Bœuf et Bec-de-Gaz ne comprenaient toujours pas de quoi il s’agissait, et quel mystère on voulait leur cacher.
Bec-de-Gaz interrogea :
— Enfin quoi… crachez donc dans la soupe, et que ça finisse ! De quel patron qu’vous parlez ? Pour qui qu’c’est qu’vous turbinez ?
Dégueulasse eut un ricanement. Il articula, très fier :
— Tu d’mandes le nom du patron ? Eh bien, voilà, Œil-de-Bœuf, tu vas comprendre tout d’suite que c’est du turbin intéressant. L’patron, c’est l’patron !…