Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 4

Марсель Аллен

— C’est pourtant comme cela ! déclara péremptoirement M me Drapier. Donc Firmain est resté deux ans chez cette baronne, il n’en est parti que parce que la pauvre femme est morte. Il est à Paris depuis une huitaine de jours…

— Eh bien, interrompit M. Drapier, qu’il m’apporte ma veste.

— Je vais le lui dire, poursuivit M me Drapier qui ne bougeait pas…

Puis elle ajoutait, considérant son mari d’un air étrange :

— Tu le regarderas bien, n’est-ce pas, quand il viendra ? Tu l’observeras sans qu’il s’en doute, et tu me diras ton opinion ?

— Mon opinion, pourquoi ?

— Eh bien, fit M me Drapier, il me semble qu’un nouveau domestique à la maison cela doit t’intéresser, moi je t’avoue que je n’aime pas introduire des inconnus chez moi, et que c’est toujours avec une nouvelle appréhension que je prends des domestiques que je ne connais point…

— Mais puisqu’il a de bons certificats ?

— En as-tu jamais donné un mauvais ? interrogea M me Drapier, et pourtant, rappelle-toi, cette cuisinière que nous avons renvoyée parce qu’elle volait ! Les certificats, au fond, ça ne rime à rien ! On devrait se renseigner de vive voix…

— La baronne est morte ! observa Léon Drapier.

— Oui, soupira sa femme, et je ne puis pourtant pas m’en aller au Mexique interroger le consul !

— Bah ! fit M. Drapier, il ne faut tout de même pas s’affoler… Je t’en prie, Eugénie, envoie-moi ce… ce comment s’appelle-t-il ?…

— Firmain.

— Oui… envoie-moi Firmain, et qu’il m’apporte ma veste !

Brusquement, M me Drapier tournait les talons, elle ouvrit la porte du cabinet de son mari, qui communiquait avec l’antichambre, elle s’arrêta net sur le seuil, étouffant un cri de surprise.

— Ah ! j’ai eu peur !

— Qu’y a-t-il ? demanda M. Drapier.

Sa femme se retournait, comprimant, d’un geste machinal, son cœur qui battait un peu.

— C’est stupide, fit-elle, c’est Firmain qui passait justement au moment où j’ai ouvert la porte, je me suis presque heurtée à lui…

Se tournant vers le domestique, M me Drapier articula :

— Firmain, entrez ! Voici monsieur, vous aurez particulièrement à vous occuper de son service. Lorsque monsieur rentre, on lui donne sa veste d’intérieur, je vous indiquerai le placard dans lequel elle se trouve… Et puis il faut avoir soin, lorsque vient la nuit, de fermer les persiennes et, s’il fait froid, d’allumer du feu dans le cabinet de monsieur…

— Bien, madame ! déclara le domestique.

Firmain venait d’entrer dans le cabinet de M. Drapier, il demeurait respectueusement immobile devant ses patrons.

C’était M me Drapier qui parlait, Léon Drapier put examiner à loisir le domestique.

Tout d’abord, il ne prêtait qu’une attention distraite à la physionomie de cet homme, vêtu d’un gilet rayé jaune et noir, avec des manches de lustrine, et portant un grand tablier blanc.

Toutefois, au fur et à mesure qu’il l’observait, M. Drapier regardait les yeux du serviteur…

Ce n’étaient pas des yeux ordinaires. Firmain n’avait pas l’air, encore qu’il en eût les manières et l’apparence, d’un véritable valet de chambre !