Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 2

Марсель Аллен

— Clichy 122.03 ne répond pas ! déclarait l’employée.

Et M. Drapier, après avoir eu un instant l’idée de demander la surveillante, y renonça, car, au fond, cela ne l’étonnait pas outre mesure, que le numéro demandé ne répondit point.

— Je téléphonerai à nouveau ce soir après dîner, pensait-il. Dieu ! que cette histoire est assommante ! Je suis rentré dîner uniquement par politesse pour tante Denise, et voilà qu’elle ne vient pas… Ah ! si j’avais su, vraiment !… Eugénie aurait pu me faire prévenir au bureau. A-t-elle écrit au moins à tante Denise, pour lui exprimer tous ses regrets ?

M. Léon Drapier marchait vers la cheminée, appuyait sur un bouton de sonnette.

— Je vais le lui faire demander tout de suite.

Il attendit quelques instants.

M. Léon Drapier était allé s’asseoir devant son bureau ; personne ne vint.

Alors il haussa les épaules et murmura :

— Je suis sûr qu’elle n’a rien écrit du tout, je vais le faire, cela m’occupera en attendant l’heure du dîner !

Et M. Drapier, plongeant sa plume dans une encre violette aux reflets mordorés, commença une belle page d’écriture par ces mots :

Ma chère tante, votre dépêche, cet après-midi, nous a plongés dans la désolation

M. Léon Drapier noircissait quatre pages, au cours desquelles il avait multiplié les protestations de tendresse et les expressions de sympathie les plus touchantes.

Assurément, lorsque tante Denise recevrait cette lettre, elle en serait émue jusqu’aux larmes !

À vrai dire, si M. Léon Drapier, qui n’aimait pas écrire en temps ordinaire, s’était donné la peine de rédiger une lettre de quatre pages pour sa tante retenue à Poitiers par un simple malaise, c’est qu’il avait des raisons sérieuses pour cela !

La tante Denise était une vieille fille, susceptible de laisser un jour un gros héritage à sa nièce Eugénie et, par suite, à son mari Léon Drapier.

Le couple Drapier n’était pas dans le besoin, loin de là. M. Léon Drapier, qui frisait la cinquantaine, était un fonctionnaire de l’administration des finances, ayant déjà fait une belle carrière et appelé à un avenir plus beau encore.

À l’heure actuelle, il était directeur de l’hôtel des Monnaies à Paris, et on prévoyait, lorsqu’il quitterait ce poste, qu’il aurait soit une situation prépondérante au ministère, soit une des plus productives recettes des finances, de Paris ou des environs.

Officier de la Légion d’honneur, membre de plusieurs cercles élégants, très bien considéré dans les milieux politiques et gouvernementaux, M. Léon Drapier était ce qu’il est convenu d’appeler une « personnalité ». Il comptait dans le monde, à Paris, c’était quelqu’un.

M. Léon Drapier non seulement par sa situation avait une large aisance, mais encore il possédait une fortune personnelle. En outre, il n’avait point d’enfant… Mais à l’instar des gens riches, M. Drapier, comme sa femme d’ailleurs, était éminemment désireux de voir sans cesse augmenter sa fortune, et il eût été désespéré si jamais on lui avait dit que, peut-être, l’héritage de la tante Denise ne lui reviendrait pas.