Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 5

Марсель Аллен

Il paraissait plutôt un de ces valets de comédie, à la physionomie intelligente, aptes à la soudaine repartie, ayant sans cesse le mot pour rire, la réflexion juste, perpétuellement observateurs et souvent de bon conseil !

Il avait, comme ces héros du théâtre d’ailleurs, la classique chevelure rousse et la face à l’expression comique.

Mais, malgré tout, M. Drapier s’inquiétait en le considérant, car il avait toujours ces yeux, ces yeux bizarres, ces yeux au regard indéfinissable, qui malgré lui le troublaient…

M me Drapier, cependant, se disposait à indiquer au domestique où se trouvait le veston de son nouveau maître, mais Firmain l’interrompit :

— Madame n’a pas besoin de se déranger, je sais où sont toutes les affaires de monsieur !

Il s’éclipsait prestement, revenait quelques instants après avec le vêtement en question.

M me Drapier regarda l’heure au petit cartel qui ornait la cheminée du cabinet de travail de son mari.

— Sept heures et quart ! fit-elle ; il faut aller vous habiller, Firmain, et aujourd’hui la cuisinière mettra le couvert.

Mais Firmain interrompait :

— La cuisinière n’aura pas besoin de se déranger, madame, j’ai déjà mis le couvert… Puisque madame veut bien me le permettre, je vais m’habiller. Dans dix minutes je servirai monsieur et madame !

Encore une fois Firmain s’éclipsait, les deux époux se considérèrent quelques instants, sans rien dire.

— Eh bien ? fit Drapier, il m’a l’air très bien ce domestique.

Sa femme hochait la tête.

— Il est très bien… certainement ! Au début il ne me plaisait pas beaucoup malgré ses bons certificats, or voici que maintenant je me rends compte que c’est un garçon intelligent et que je vais m’y attacher. Nous en ferons quelque chose, j’en suis sûre, c’est si rare d’avoir de bons domestiques… Enfin, je suis heureuse qu’il te plaise.

Drapier protesta :

— Je n’ai pas dit ça du tout ! Et, tiens, c’est même tout le contraire ! Loin de me plaire, il me déplaît, ce garçon-là, avec son air d’être très à son aise ici, avec sa façon de tout connaître avant qu’on lui ait rien montré… Je suis certain que ce gaillard-là doit avoir de lui une opinion excellente et qu’il ne tardera pas à devenir insupportable !

— Enfin, protesta M me Drapier, tu ne vas pas le juger avant de l’avoir vu à l’œuvre. Si c’était toi qui t’occupais des domestiques…

— C’est bien, fit Drapier, on verra ! En attendant passons à table, veux-tu ?

Le quart d’heure s’était écoulé et, ponctuel comme un chronomètre, Firmain, le valet de chambre, s’était trouvé à point nommé dans la salle à manger pour annoncer : « Madame est servie ! » au moment précis où monsieur Drapier manifestait l’intention d’aller se mettre à table.

Même, encore une fois, M me Drapier avait poussé un cri de surprise, car elle ne s’attendait en aucune façon à ce que son domestique fût déjà là, au moment où elle passait du salon dans la salle à manger.

Le dîner était hâtivement expédié, encore qu’il fût servi selon un protocole rigoureux, nécessitant la présence du valet de chambre, dans la salle à manger, tandis que ses maîtres dînaient.