Читать «Чёрная речка. До и после (К истории дуэли Пушкина)» онлайн - страница 105

Серена Витале

Мне кажется, хоть я и не вполне уверен, будто в последнем письме я сообщил тебе, что необходимо обратиться в русское посольство в Дрездене, где, по словам Хрептовича, якобы находится мой пакет. Ещё я попросил бы тебя, если это не слишком поздно, привезти мне платков, они мне срочно необходимы; здесь я плачу за них страшно дорого, и они прескверные.

Сегодня я не стану долго писать, поскольку еду во дворец. У нас здесь пасхальные праздники, и я не думаю, чтобы за это время случились какие-либо события, из-за которых стоит задерживать отправку письма, тем более что прошу тебя ответить как можно скорее и сообщить, куда отправлять следующее, ведь в Гаагу уже не стоит: по моим расчётам, ты уедешь оттуда через несколько дней после того, как получишь это.

Прощай, мой драгоценный, сердечно обнимаю и жду минуты, когда смогу прижать тебя к сердцу, да так крепко, что ты вскрикнешь.

Ж. Дантес

XXIII

Mon très cher ami,

il faut cependant que je te donne encore de mes nouvelles avant ton arrivée à Pétersbourg. Quoique je n'aie rien de bien intéressant à te raconter, j'ai cependant une quantité de riens à te dire pour le coin de la cheminée. Vraiment mon très cher, si je te disais que je compte les jours de ton retour, cela serait mentir, mais les minutes, oui, les minutes. Comme nous allons nous embrasser! Comme nous allons causer de toi, de moi, de ton voyage, oui, je te conseille de rapporter une fameuse dose de patience parce que je [ne] te laisserai pas une minute de repos. Je veux t'accabler de questions car il faudra que tu me dises jour par jour tout ce que tu auras fait pendant ton absence.

Mon pauvre ami, je te plains du fond de mon cœur de l'ennuyeux voyage que tu as fait dans ta famille pour obtenir ce qui doit faire notre bonheur à tous deux. Certainement faire la connaissance de sa famille en 10 jours est une chose fort désagréable, mais cela doit être un supplice lorsque la reconnaissance se termine toujours par une demande qui n'est rien moins qu'agréable pour les personnes en question, qui auraient très bien, et sans que l'on puisse les taxer de mauvaise volonté, refuser tout net l'introduction d'un étranger dans leur famille, qui certainement ne leur fera pas honte et qui comprend toute la responsabilité de sa nouvelle position. Mais toutes choses qu'ils ne sont pas forcés de savoir. J'ai reçu un grand paquet de lettres de Soulz où il n'est question que de toi et combien ils bénissent tous les jours le ciel de ce que tu as bien voulu te mêler de nos affaires pour faire entendre raison à papa pour la confiance qu'il jetait toujours à la tête de celui qui vouait bien l'accepter. Non seulement, me marque Nanine, nous avons de l'argent pour les dépenses courantes, mais nous faisons des économies, et ce qui est presque incroyable, la fortune seul par le changement des baux se trouve augmentée de 4000 francs de rentes pour 9 ans, [ce] qui outre l'avantage d'augmenter les revenus aura aussi celui d'augmenter les capitaux, car pour obtenir l'augmentation qu'ils ont consentie, il faudra qu'ils donnent plus de soins à la culture et par là ils les feront monter à leur plus hautes valeurs; c'est au moins ma manière de voir. Il est possible que je me trompe mais, ce qu'il y a de plus clair, [c'est] que c'est à toi que nous devons ceci, et que tu es pour notre famille une vraie providence. Quant à Delaveilleuse, il n'est pas du même avis et il raconte partout qu'il [n'] a quitté la gestion de nos biens que parce que ne s'en souciait plus! Quant aux cancans de la ville de Soulz, il n'y en a d'autres que celui-ci: que madame Magnine [?] en jouant la comédie avait mis du rouge et qu'elle s'était trouvée tellement jolie que depuis ce jour, elle n'avait cessé d'en mettre deux doigts comme le jour de la représentation, ce qui paraît excessivement ridicule à mes sœurs.