Читать «Мост Мирабо» онлайн - страница 62

Гийом Аполлинер

LES FEUX DU BIVOUAC

Les feux mouvants du bivouac Éclairent des formes de rêve Et le songe dans l'entrelacs Des branches lentement s'élève Voici les dédains du regret Tout écorché comme une fraise Le souvenir et le secret Dont il ne reste que la braise

БИВАЧНЫЕ ОГНИ

Дрожат бивачные огни И наши сны от их подсветки Живым видениям сродни Всплывают медленно сквозь ветки Как земляника по полям Раздавлена до крови жалость И память с тайной пополам В золе дымящейся смешалась

TOURBILLON DE MOUCHES

Un cavalier va dans la plaine La jeune fille pense à lui Et cette flotte a Mytilène Le fil de fer est là qui luit Comme ils cueillaient la rose ardente Leurs yeux tout à coup ont fleuri Mais quel soleil la bouche errante A qui la bouche avait souri

НЕТЕРПЕНИЕ СЕРДЕЦ

Там всадник скачет по равнине А дева думает о нем Весь мир опутан и поныне Античным пламенным дождем Они сорвали розу сердца И расцвели глаза в ответ И никуда губам не деться От жарких губ Да будет свет

L'ADIEU DU CAVALIER

Ah Dieu! que la guerre est jolie Avec ses chants ses longs loisirs Cette bague je l'ai polie Le vent se mêle à vos soupirs Adieu! voici le boute-selle Il disparut dans un tournant Et mourut là-bas tandis qu'elle Riait au destin surprenant

ПРОЩАНИЕ ВСАДНИКА

Простите! на войне бывают Свои досуги песни смех Под ветром ваши вздохи тают Ваш перстень мне милей утех Прощайте! снова раздается Приказ в седло во тьме ночной Он умер а она смеется Над переменчивой судьбой

DANS L'ABRI-CAVERNE

Je me jette vers toi et il me semble aussi que tu te jettes vers moi Une force part de nous qui est un feu solide qui nous soude Et puis il у a aussi une contradiction qui fait que nous ne pouvons nous apercevoir En face de moi la paroi de craie s'effrite Il у a des cassures De longues traces d'outils traces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types de ma pièce Moi j'ai ce soir une âme qui s'est creusée qui est vide On dirait qu'on у tombe sans cesse et sans trouver de fond Et qu'il n'y a rien pour se raccrocher Ce qui у tombe et qui у vit c'est une sorte d'êtres laids qui me font mal et qui viennent de je ne sais оù Oui je crois qu'ils viennent de la vie d'une sorte de vie qui est dans l'avenir dans l'avenir brut qu'on n'a pu encore cultiver ou élever ou humaniser Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui éclaire C'est aujourd'hui c'est ce soir et non toujours Heureusement que ce n'est que ce soir Les autres jours je me rattache à toi Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs En imaginant ta beauté Pour l'élever au-dessus de l'univers extasié Puis je pense que je l'imagine en vain Je ne la connais par aucun sens Ni même par les mots Et mon goût de la beauté est-il donc aussi vain Existes-tu mon amour Ou n'es-tu qu'une entité que j'ai créée sans le vouloir Pour peupler la solitude Es-tu une de ces déesses comme celles que les Grecs avaient douées pour moins s'ennuyer Je t'adore ô ma déesse exquise même si tu n'es que dans mon imagination