Читать «Собор Парижской Богоматери (Notre-Dame de Paris)» онлайн - страница 6
Виктор Гюго
– Oh! rien, dit Liénarde toute confuse, c’est ma voisine Gisquette la Gencienne qui veut vous parler.
– Cela sera-t-il beau, ce qu’ils vont dire là-dessus? demanda timidement Gisquette.
– Très beau, madamoiselle, répondit l’anonyme sans la moindre hésitation.
– Qu’est-ce que ce sera? dit Liénarde.
–
– Ah! c’est différent», reprit Liénarde.
Un court silence suivit. L’inconnu le rompit:
« C’est une moralité toute neuve, et qui n’a pas encore servi.
– Vous nous promettez que ce mystère sera beau? dit Gisquette.
– Sans doute, répondit-il; puis il ajouta avec une certaine emphase: – Mesdamoiselles, c’est moi qui en suis l’auteur.
– Vraiment? dirent les jeunes filles, tout ébahies.
– Vraiment! répondit le poète en se rengorgeant légèrement; c’est-à-dire nous sommes deux: Jehan Marchand, qui a scié les planches, et dressé la charpente du théâtre et toute la boiserie, et moi qui ai fait la pièce. – Je m’appelle Pierre Gringoire. »
Chose remarquable: toute cette foule, quelques minutes auparavant si tumultueuse, attendait maintenant avec mansuétude, sur la foi du comédien; ce qui prouve cette vérité éternelle et tous les jours encore éprouvée dans nos théâtres, que le meilleur moyen de faire attendre patiemment le public, c’est de lui affirmer qu’on va commencer tout de suite.
Toutefois l’écolier Joannes ne s’endormait pas.
« Holàhée! cria-t-il tout à coup au milieu de la paisible attente qui avait succédé au trouble, Jupiter, madame la Vierge, bateleurs du diable! vous gaussez-vous? la pièce! la pièce! Commencez, ou nous recommençons. »
Il n’en fallut pas davantage.
Une musique de hauts et bas instruments se fit entendre de l’intérieur de l’échafaudage; la tapisserie se souleva; quatre personnages bariolés et fardés en sortirent, grimpèrent la roide échelle du théâtre, et, parvenus sur la plate-forme supérieure, se rangèrent en ligne devant le public, qu’ils saluèrent profondément; alors la symphonie se tut. C’était le mystère qui commençait.
Les personnages étaient vêtus tous quatre de robes mi-parties jaune et blanc; la première était en brocart, or et argent, la deuxième en soie, la troisième en laine, la quatrième en toile. Le premier des personnages portait en main droite une épée, le second deux clefs d’or, le troisième une balance, le quatrième une bêche; et pour aider les intelligences paresseuses qui n’auraient pas vu clair à travers la transparence de ces attributs, on pouvait lire en grosses lettres noires brodées: au bas de la robe de brocart, JE M’APPELLE NOBLESSE; au bas de la robe de soie, JE M’APPELLE CLERGÉ; au bas de la robe de laine, JE M’APPELLE MARCHANDISE; au bas de la robe de toile, JE M’APPELLE LABOUR.
Il eût fallu aussi beaucoup de mauvaise volonté pour ne pas comprendre, à travers la poésie du prologue, que Labour était marié à Marchandise et Clergé à Noblesse, et que les deux heureux couples possédaient en commun un magnifique dauphin d’or, qu’ils prétendaient n’adjuger qu’à la plus belle. Ils allaient donc par le monde cherchant et quêtant cette beauté.