Читать «Том 6. Письма 1860-1873» онлайн - страница 10

Федор Иванович Тютчев

Погодину М. П., 9 декабря 1862

8. М. П. ПОГОДИНУ 9 декабря 1862 г. Москва

Воскресенье. 9 декабря

Говорят, почтеннейший Михайло Петрович, что мы, как Гомеровы витязи, обменялись шубами. — Убеждениями мы уже давно друг с другом обменялись…

В самую ту минуту, что я хотел послать вам моего человека, приехал ко мне посланный из дворца, который и берется доставить вам ваше. — Но я все-таки завидую моей шубе, что ей удалось побывать у вас, жалею очень, что не мне. — Господь с вами. В<ам> усердно пред<анный> Ф. Тютчев

Тютчевой Эрн. Ф., 27 июня 1863

9. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 27 июня 1863 г. Москва

Moscou. Jeudi. 27 juin

(C’est aujourd’hui l’anniversaire de la bataille de Poltava, mais p<our> le moment il ne s’agit pas de cela.)

Je ne t’écris que p<our> empêcher la prescription du silence. Voilà plusieurs jours que j’attends une réponse à ma dernière lettre écrite de Tsarskoïé. Et parce que j’ai la bonhomie de l’attendre avec une certaine impatience, il est tout simple qu’elle n’arrive pas.

Ma santé va mieux. Mes pieds recommencent à marcher. Je crois vraiment que le nouveau traitement me fait du bien. — Mais parlons de choses plus importantes.

La crise approche — et mes tristes prévisions vont s’accomplir. — On vient d’apprendre que le voyage de l’Imp<ératrice> est remis. — Hier, 26, après une messe de mort, dite p<our> l’Emp<ereur> défunt, le Conseil des Ministres a dû se réunir p<our> prendre connaissance des réponses aux notes des puissances. C’est samedi prochain, 29, qu’elles partiront. Avant quatre semaines nous pourrions avoir les escadres ennemies devant Kronstadt. Tout cela est horriblement angoissant. — Ici, comme dans toute la Russie, l’esprit est bon, mais on se défie de la faiblesse et de l’incohérence du gouv<ernemen>t. Il n’y a pas à se le dissimuler. C’est l’existence même de la Russie qui est en question. Je m’attends à tout — à ce qu’il y a de pire — et je ne me sens plus assez de vie, assez d’avenir pour espérer de voir luire le lendemain de la catastrophe qui nous menace.