Читать «Константин Бальмонт и поэзия французского языка/Konstantin Balmont et la poésie de langue française» онлайн - страница 10

La beauté/Красота

Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre, Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour, Est fait pour inspirer au poète un amour Eternel et muet ainsi que la matière. Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris; J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes; Je hais le mouvement qui déplace les lignes, Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris. Les poètes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! Стройна я, смертные, как греза изваянья, И грудь, что каждого убила в час его, Поэту знать дает любовь — и с ней терзанье, Безгласно-вечное, как вечно вещество. В лазури я царю как сфинкс непостижимый; Как лебедь бледная, как снег я холодна; Недвижна Красота, черты здесь нерушимы; Не плачу, не смеюсь, — мне смена не нужна. Поэты пред моим победно-гордым ликом Все дни свои сожгут в алкании великом, Дух изучающий пребудет век смущен; Есть у меня для них, послушных, обаянье, Два чистых зеркала, где мир преображен: Глаза, мои глаза — бездонное сиянье.

La géante/Гигантша

Du temps que la Nature en sa verve puissante Concevait chaque jour des enfants monstrueux, J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante, Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux. J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme Et grandir librement dans ses terribles jeux; Deviner si son cœur couve une sombre flamme Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux; Parcourir à loisir ses magnifiques formes; Ramper sur le versant de ses genoux énormes, Et parfois en été, quand les soleils malsains, Lasse, la font s'étendre à travers la campagne, Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins, Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.