Читать «Особые приметы» онлайн - страница 135

Хуан Гойтисоло

Сотрапезники внимательно разглядывали тебя, а ты пытался объяснить цели и планы твоих друзей: ты рассказывал о попытках пропагандистской работы, о научных семинарах, об информационных киноклубах. Когда ты закончил, бутылки боложе были пусты, и Жозетт Тессье пошла в погреб за новыми. Наступило короткое молчание.

— Si je vous comprends bien vous êtes encore dans une phase préparatoiry, — сказал Казалис ласково.

— Oui, c’est ça.

— Vous n’êtes pas en contact avec des groupes plus radicalisés?

— Non, pas encore.

— Mais je pense bien qu’ils existent, n’est-ce pas?

— Sans doute.

— Voilà le problème. Comment les contacter? Connaissezvous une filière quelconque pour arriver jusqu’à eux?

Снова все взгляды устремились на тебя, и ты объяснил, что возможности добиться успеха при помощи акта насилия кажутся тебе чрезвычайно незначительными. Страна до сих пор еще живет под знаком проигранной гражданской войны, большинство политических группировок приспосабливают свою стратегию к мирным целям, и, судя по всему, на долгий срок. Тебя перебили:

— Et les anarchistes?

— Eux aussi.

— Au cours de mon voyage en Espagne j’ai pu constater que la classe ouvrière n’avait pas dépassé le stade des revendications purement économiques. Comment comptezvous donner à ses protestations un contenu révolutionnaire?

— Ça c’est le problème de notre époque. Une fois émoussée l’urgence née de la misére le prolétariat tend à s’endormir. Vous voyez bien les résultats du paternalisme syndical en France. Nous n’avons plus de classe ouvrière.

— La classe ouvrière existe mais elle est mystifiée. Les cadres politiques se sont avérés incapables de lui offrir une stratégie révolutionnaire globale. C’est ce sens là que la lutte du peuple Espagnol nous intéresse. Le réveil ne peut nous venir que de vous.

— Des centaines de milliers de Français vont chaque année en Espagne. Mettons, dans le pire des cas, que dix pour cent soit antifranquiste… Je suis sûr qu’ils seraient heureux de fournir une aide quelconque aux gars de la Résistance espagnole.

— Quel genre d’aide? Des armes? De la propagande?

— Ça c’est aux Espagnols de nous le dire.

— Dans le coffre de ma voiture j’aurais pu passer tout un arsenal. Les flics ne l’ont même pas ouvert.

— Est-ce qu’on peut acheter facilement des armes en Espagne?

— Il faudrait que vous nous demandiez tout ce dont vous avez besoin et nous pouvons nous charger de vous l’amener. L’été surtout. L’unique probléme serait alors d’échelonner nos vacances.