Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 46

Марсель Аллен

— Voyez, déclara-t-il très simplement à M. Drapier, sans paraître se rendre compte de l’incorrection qu’il commettait, voyez, monsieur, comme le hasard sert souvent la police !

« Je venais chez vous dans l’intention de vous demander à voir les certificats qui vous ont décidé à engager ce malheureux valet de chambre !

« Or, voici que sans vous occasionner le moindre dérangement, je trouve ces certificats dans votre bureau. Vous me permettez, n’est-il pas vrai, de les emporter ?

Drapier était si abasourdi qu’il ne répondait absolument rien.

Juve, cependant, parcourait les fameux certificats si élogieux qui avaient si aisément décidé M me Drapier à choisir son valet de chambre.

— C’est curieux ! articula-t-il, Alvarez ?… Alvarez Cruisa ?… Voilà un consul du Mexique que j’ai rarement vu figurer dans les annuaires !… Ce qu’il y a d’étonnant, c’est qu’il habitait, à Paris, une rue ne comportant que quatorze numéros, quinze au maximum, or le certificat indique que son domicile se trouvait au numéro 27 !…

— Ah ! vraiment, vous croyez ? fit dès lors M. Drapier qui, intrigué, se rapprochait de Juve, venait voir le certificat.

Le policier se mit à lire, il regardait l’autre certificat fourni par une certaine baronne de Laverdier .

— La baronne de Laverdier, fit Juve, j’ai connu cela, autrefois, grand nom de l’Empire, famille disparue, si je ne me trompe, avec le décès du fils unique de la baronne, mort dans une maison de fous !

« Il faut décidément tout savoir, lorsqu’on est de la police, n’est-il pas vrai, monsieur Drapier ?

— Monsieur Juve, articula le directeur de la Monnaie, vous commencez à m’inquiéter sérieusement. Je comprends où vous voulez en venir, vos observations ne tendent-elles pas à conclure que ces certificats étaient faux ?

— Je n’affirme rien ! fit Juve, mais à vous parler franchement, ma conviction est faite, ces certificats sont faux, la seule chose intéressante d’ailleurs, c’est de savoir qui les a fabriqués…

— Ce ne peut être que le domestique lui-même, articula Léon Drapier.

— Ce que vous dites semble logique au premier abord, poursuivit Juve, malheureusement l’observation démontre le contraire !

« Je suis un peu graphologie, monsieur Drapier ; à mes moments perdus, j’étudie, comme cela, les écritures. C’est une science à laquelle je crois et je ne suis d’ailleurs pas le seul !

« Or, il ressort de mon examen que ces certificats ont été rédigés par une main féminine, et que la personne qui les a écrits, sans avoir une éducation bien extraordinaire, possède néanmoins une bonne petite instruction…

« Elle ne manque pas d’une certaine ambition – un bon sentiment –, elle aime l’argent, le luxe, elle professe pour tout travail matériel une paresse irréductible… Mais voilà que je m’emballe, monsieur Drapier, sur la graphologie, or, nous sommes ici pour autre chose !

« Mon Dieu, monsieur Drapier, que c’est remarquable d’avoir de l’ordre comme vous en avez ! Les tiroirs de votre bureau sont rangés à merveille ; vous m’excuserez, n’est-il pas vrai, de les fouiller comme s’ils m’appartenaient ? Mais c’est un usage consacré par la loi qui permet aux inspecteurs de la Sûreté de visiter les objets personnels de leurs clients, or j’ai l’honneur de vous compter comme client et même, à ce propos, je solliciterai de votre obligeance une faveur…