Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 31

Марсель Аллен

Il sauva M me Rambert, d’abord, puisque c’était une femme, puis, risquant une effroyable mort, il rentra une seconde fois dans le brasier pour en retirer Jérôme Fandor.

C’était ce que Juve appelait avoir « tiré Fandor un peu plus loin » !

Le journaliste, affreusement brûlé, s’était réveillé d’un long évanouissement dans une chambre d’hôtel où Juve l’avait fait transporter, cependant qu’on installait à côté la pauvre M me Rambert.

Fandor, retrouvant tout son courage, avait alors anxieusement demandé des nouvelles de Fantômas.

— Disparu ! répondait Juve, enfui !…

Puis Fandor s’inquiétait de sa mère.

— Elle n’est pas blessée, n’est-ce pas ?

Et c’était alors que le malheureux journaliste devait subir le coup le plus douloureux.

Avec des mots très doux, des phrases de pitié, Juve apprenait l’horrible vérité à Fandor.

M me Rambert était folle, sa raison avait chancelé à la suite de l’effroyable drame dont elle venait d’être victime !

Juve, toutefois, laissait un peu d’espoir à Fandor.

— Le médecin affirme, prétendait-il, que cette crise peut n’être que passagère. Ta mère peut retrouver la raison. Il prescrit pour elle un repos absolu, un voyage en Suisse, par exemple, une installation dans une petite bourgade bien tranquille. Il faudrait que tu sois toujours auprès d’elle à guetter les lueurs de sa raison, pour tâcher de l’aider à se sauver de la démence.

Juve parlait lentement, épiant sur le visage de Fandor l’émotion que ces paroles allaient infailliblement causer au jeune homme.

Fandor se troublait en effet, il pâlissait en écoutant Juve.

— Mon Dieu ! répondait-il, le médecin a dit cela ? Juve, Juve, comment donc faudrait-il faire ? Vous n’oubliez pas que je dois partir dans quelques jours pour le Chili, où je dois aller retrouver Hélène ?

Juve, à ce moment, se levait. Sa physionomie devenait grave, cependant qu’il regardait fixement Fandor.

— Je n’oublie pas cela, disait-il, et je sais en effet, Fandor, que tu vas te trouver aux prises avec deux devoirs bien distincts : ton devoir d’amoureux et ton devoir de fils… Et il te faudra choisir, mon petit !

Mais déjà Fandor relevait la tête, déjà il reprenait :

— Vous avez raison, Juve, ce sont deux devoirs, et ces deux devoirs sont tels que ma conscience ne me laisse pas libre de choisir. Ma mère d’abord, Hélène ensuite ! Je sais d’ailleurs que c’est ce qu’exigerait Hélène elle-même !

La voix de Fandor tremblait. Il souffrait affreusement. Il eut pourtant comme une extraordinaire joie en écoutant Juve.

— Écoute, disait le policier, je ne doutais pas de toi ni de ta décision. Il faut en effet que tu restes auprès de ta mère, mais moi, moi qui suis libre, j’irai rechercher Hélène !

Et, s’efforçant de sourire, Juve ajoutait :

— Et, foi de Juve, je te le promets, Fandor, je te ramènerai ta femme !

IV

Adversaires tragiques

Depuis le matin le vent avait cessé et la mer qui, jusqu’alors, s’enflait en vagues violentes, secouant le bâtiment de belle manière, était soudain devenue calme comme il entrait en rade et stationnait à l’embouchure de la Gironde où l’on devait prendre les derniers passagers, les passagers de grand luxe, ceux qui ne s’embarquaient que là pour éviter le trajet assez long du Havre à Bordeaux.