Читать «Le Voleur d"Or (Золотой вор)» онлайн - страница 195

Марсель Аллен

De l’extérieur, quelqu’un lui répondit :

— Excusez-nous, madame Drapier, de vous déranger, et n’ayez pas peur, c’est M. Havard et deux de ses inspecteurs !

Cette recommandation était superflue, car, en entendant le chef de la Sûreté se nommer, M me Drapier le reconnaissait à sa voix, la malheureuse femme se sentit devenir livide et manquait de défaillir. Tout d’un coup, ses craintes se précisaient et ses appréhensions, jusqu’alors vagues, devenaient formelles et catégoriques.

Oui, c’était bien évident ; du moment que le chef de la Sûreté et ses deux inspecteurs venaient sonner à l’appartement à une heure aussi tardive, c’est que quelque chose de grave se préparait et que peut-être les policiers venaient arrêter Léon Drapier !

Et, machinalement, M me Drapier poussa un soupir de satisfaction en se disant que son mari n’était pas là.

Elle ouvrit ; le chef de la Sûreté se présenta devant elle et la salua.

— Excusez-moi, fit-il, madame, de vous importuner de ma présence à une heure aussi tardive, mais il est des questions urgentes que je dois poser à votre mari. Veuillez avoir l’obligeance de m’annoncer à lui en ajoutant que je me présente à titre officieux, étant donné que la loi ne me permet point d’intervenir pendant les heures qui s’écoulent entre le coucher du soleil et son lever.

Machinalement, sans réfléchir, M me Drapier ouvrait la porte du cabinet de travail de son mari et y introduisait le chef de la Sûreté ainsi que ses deux inspecteurs.

— Asseyez-vous, messieurs, dit-elle.

Puis elle demeurait silencieuse, immobile au milieu de la pièce, le regard perdu dans un rêve, abasourdie, perplexe, à la manière de quelqu’un qui ne comprend pas.

M. Havard l’arrachait à sa prostration.

— Eh bien, madame, fit-il, veuillez prévenir M. Drapier !

Il n’obtenait point de réponse et, comme il venait de répéter sa question sur un ton étonné, enfin M me Drapier articula :

— Mais, monsieur, mon mari n’est pas là…

— Votre mari n’est pas là !

— Non, monsieur.

— Où est-il ?

— Je n’en sais rien, il est sorti.

— Depuis combien de temps ?

M me Drapier considérait la pendule, elle calcula :

— Environ une heure trois quarts, monsieur…

— Ah çà, par exemple ! fit le chef de la Sûreté en se tournant vers ses inspecteurs, voilà qui n’est pas ordinaire !

M. Havard fronçait le sourcil, toussotait, s’agitait sur sa chaise à la manière de quelqu’un qui a bien envie de parler, de quelqu’un fort en colère et qui, cependant, se retient pour dissimuler ses sentiments.

Il reprit, dominant l’émotion nerveuse qui faisait trembler sa voix :

— Madame, savez-vous à quelle heure M. Drapier va rentrer ? Tout au moins savez-vous où il est en ce moment ?

Eugénie Drapier se tordait les mains, elle les joignit dans un geste de supplication.

— Mon Dieu, monsieur, n’insistez pas ! dit-elle, j’ignore tout, absolument tout ! Rentrera-t-il, ne rentrera-t-il pas, le sais-je ?… Depuis le malheureux drame qui s’est produit ici, non seulement nous sommes affolés l’un et l’autre, mais nous vivons plus étrangers encore que précédemment l’un à l’autre ; Léon ne me dit rien de ce qu’il fait, il s’occupe encore moins de ce que je deviens. Ah, mon Dieu !… Mon Dieu !…