Читать «Чёрная речка. До и после (К истории дуэли Пушкина)» онлайн - страница 49

Серена Витале

Le pauvre diable de Platonoff est dans un état depuis trois semaines qui fait de la peine, il est tellement amoureux de la petite princesse B. qu'il s'est renfermé chez lui, qu'il ne veut voir personne, pas même ses parents. Car il refuse sa porte à son frère et à sa sœur. Il prétexte une grande maladie: cette conduite m'étonne pour un garçon d'esprit, car il est amoureux comme on nous représente les héros des romans. Ceux-ci je les comprends parfaitement puisque il faut bien inventer quelque chose pour remplir les pages; mais pour un homme qui a du bon sens, c'est de la dernière extravagance; j'espère qu'il mettra bientôt un terme à ses folies et qu'il nous sera rendu, car moi il me manque beaucoup.

Vous voyez au reste, mon cher, [que] quoi qu'au nord le sang y est excessivement chaud et que celui qui y arrive déjà dans cet état ne perd rien dans ce climat; vous allez en juger par le trait suivant. Le beau Paul vient d'obtenir un congé de 28 jours pour aller à la recherche de celui qui lui a enlevé le cœur de l'Istomina, pour se couper la gorge avec lui; c'est au moins ce qu'il dit. Il se trouve que ce n'est pas votre ami intime, La Ferrière, qui a été le séducteur comme je vous l'avais annoncé dans mon avant-dernière [lettre], mais c'est bien lui qui a reçu les soufflets qu'a distribués Paul; parce que il se trouve que l'infidélité a été consommée chez La Ferrière par un des amis de ce dernier qui venait d'arriver de Paris; mais en voilà bien d'une autre, après cette aventure, La Ferrière a refusé de jouer dans La courte de paille à moins que Gidienoff [n'] obtienne une lettre de Paul comme quoi il ne lui avait pas donné de soufflets; vous pensez bien quand un supérieur supplie, il obtient facilement, aussi Paul a-t-il publié et imprimé la lettre la plus bête qu'il est possible d'écrire et qui a été distribuée à domicile avec les affiches; je suis au désespoir d'avoir perdu celle que j'avais, je vous en aurais copié les passages les plus spirituels pour vous donner une idée des autres.