Читать «Чёрная речка. До и после (К истории дуэли Пушкина)» онлайн - страница 88
Серена Витале
XIX
Pétersbourg, le 2 Février 1836
Mon bien cher ami, jamais de la vie je n'ai eu besoin aussi souvent de tes bonnes lettres, j'ai le cœur tellement gros qu'elles deviennent pour moi un vrai baume. Car maintenant je crois que je l'aime plus qu'il y a 15 jours! Enfin mon cher, c'est une idée fixe qui ne me quitte plus, qui dort, et veille avec moi, c'est un supplice affreux: à peine puis-je rassembler mes idées pour t'écrire quelques lignes qui aient le sens commun, et cependant c'est ma seule consolation car quand je t'en parle, il me semble que j'ai le cœur plus léger. J'ai plus de raisons que jamais d'être content, car je suis parvenu à m'introduire dans sa maison; mais la voir seul, je crois que c'est presque impossible, et cependant il le faut absolument; et il n'y a pas de puissance humaine qui puisse m'en empêcher car je retrouverais par là toute mon existence et mon repos. Certainement il y a folie à lutter trop longtemps contre la mauvaise fortune, mais se retirer trop tôt c'est lâcheté. Enfin mon très cher, il n'y a que toi qui puisses me conseiller dans cette occasion, que faut-il faire, dis? Je suivrai tes avis comme ceux de mon meilleur ami, car je voudrais être guéri pour ton retour afin de n'avoir d'autres pensées que le bonheur de te voir et à n'avoir de plaisir qu'auprès de toi seul. J'ai tort de te donner tous ces détails, je sais qu'ils te feront de la peine, mais j'ai été égoïste un peu car moi, ça me soulage; mais tu me pardonneras peut-être aussi d'avoir commencé par là quand tu verras que j'ai gardé une bonne nouvelle pour la bonne bouche. Je viens d'être fait