Читать «Чёрная речка. До и после (К истории дуэли Пушкина)» онлайн - страница 83

Серена Витале

Mon cher ami, tu as eu raison de me dire dans ta dernière lettre qu'un présent de ta part serait ridicule, en effet est-ce que tu ne m'en fais pas tous les jours, et n'est [-ce] pas par là que je subsiste: la voiture, la pelisse, eh bien mon cher, si tu ne m'avais pas permis de m'en servir il m'aurait été impossible de sortir de chez moi, car de mémoire d'homme, les Russes prétendent qu'il n'a fait aussi froid. Cependant le seul cadeau que je voudrais que tu me rapportes de Paris, ce sont des gants et des chaussettes de filoselle, c'est un tissu composé de soie et de laine, un porter très agréable, et très chaud, et je crois que cela ne coûte pas cher; si c'était le contraire, admettons que je n'aie rien dit. Pour du drap, je crois que cela est inutile: mon manteau me durera bien jusqu'à ce que nous allions ensemble en France, et pour un uniforme, la différence serait si petite que ce n'est pas la peine de s'en donner l'embarras. Quant au changement que tu me proposes pour mon logement, je n'accepte pas car je suis bellement installé et commodément dans le mien que je m'en passerais difficilement, d'autant plus que je serais gêné, et toi aussi, car outre que les soldats seraient continuellement sur le grand escalier, comme je rentre très tard, le portier serait obligé de rester sur pied une grande partie de la nuit, et cette idée me serait désagréable. Pour les étoffes que tu m'offres, je les accepte avec reconnaissance et cela ne sera pas du luxe car mes anciens meubles sont tout à fait mangés par les bêtes, mais à la condition que c'est toi qui choisiras, pour la raison toute simple que tu as beaucoup plus de goût que moi, et puis la couleur ne fait rien; comme l'été il faudra cependant blanchir ma chambre, on lui donnera la couleur qui convient à l'étoffe.