Читать «Чёрная речка. До и после (К истории дуэли Пушкина)» онлайн - страница 79

Серена Витале

Je te félicite d'être enfin à Paris et je suis sûr que tu y feras du bon sang, à moins cependant que tu n'ailles trop souvent au salon des étrangers où le climat est aussi excessivement mauvais pour les hommes nerveux, et je crois que tu es du nombre de ces derniers.

Je te recommande beaucoup un de mes anciens amis dont sans doute tu auras entendu parler très souvent à Soulz, c'est le marquis de La Villette: un garçon rempli d'esprit qui a passé sa vie à Paris; par conséquent il te sera d'une très grande ressource pour toutes tes courses. C'est un garçon qui m'aime beaucoup et, qui plus est, me l'a prouvé en plusieurs occasions; j'ai passé 18 mois avec lui à la campagne près de Blaye et sans lui j'aurais fait bien des sottises. Enfin quand tu le verras, parle-lui beaucoup de moi si tu veux lui faire plaisir et traite-le bien. Il le mérite sous tous les rapports.

Ton histoire sur la femme de mon cher cousin m'a beaucoup amusé et me prouve qu'elle est toujours la même, car à son premier voyage, il y a 3 ans, elle nous faisait mourir de rire, mais c'était toujours Adèle qui avait le talent de lui faire raconter des histoires de l'autre monde à la grande joie de toute la bande: on la questionnait surtout sur la société qui composait son intimité, et qui avaient tous des noms incroyables, mais moi pour ajouter à tout ce que l'on t'aura raconté sur son compte, je te dirai, mais cela sans fatuité, qu 'elle n'a jamais été une de mes passions, mais c'est moi qui était la sienne; aussi elle me désespérait quand elle me disait avec son accent lorrain: "Je vous aime beaucoup, mon cousin, quoique cela regarde mon mari qui est laid et butor, je suis bien libre d'aimer mes parents comme je veux". Le fait est qu'un jour qu'elle s'était couchée, soi-disant malade, le jour où tout le monde avait été faire une partie de campagne, elle me fit chercher et je la trouvai très négligemment habillée et couchée sur son lit. Après m'avoir dit qu'elle m'avait fait appeler parce que le temps lui paraissait long sans moi, la chère petite femme me fit tout simplement entendre que si je voulais, elle n'avait rien à me refuser. Moi j'ai résisté, non par vertu mais parce que j'étais amoureux fou de ma petite juive et que je pouvais à peine y suffire car je passais toutes mes nuits chez elle. Mais pour en revenir à ma chère cousine, il paraît que son époux n'a pas trouvé que cela lui devait être égal que sa femme aime son parent, car dès qu'il s'en aperçut, il la fit partir, du reste à la satisfaction générale. Cependant c'est un vilain homme, mais dans le fond elle n'est pas tant à plaindre car l'on ne peut payer trop cher le titre de comtesse et elle ne voulait que ce titre, car sans cela elle n'aurait jamais épousé un être aussi disgracié de la nature. Son frère quoiqu'étant très bègue, vaut cent fois mieux que lui.